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Pour une implication optimale des diasporas africaines dans le développement du continent

Pour une implication optimale des diasporas africaines dans le développement du continent. Article écrit par  Éric Topona. Publié le 1 septembre 2025à 06h00

⏱ Temps de lecture estimé : 5 minutes

Cette tribune analyse le rôle crucial que joue et devrait jouer les diasporas africaines en Europe et dans d'autres continents.. L’Afrique a connu un recul considérable des investissements sur son sol après la ruée des investisseurs vers ce continent dans les années 1960-1970, au maximum jusqu’au milieu des années 1980. Paradoxalement, c’est au moment où le continent africain se convertit aux doctrines du libéralisme économique et politique, aux lois du marché, que non seulement les investissements commencent à se raréfier, mais, en outre, nombre de pays africains sont sommés de se défaire de pans importants des attributs de leur souveraineté économique et financière pour les céder aux investisseurs étrangers, pour la plupart occidentaux. Dans le même temps, les pays d’Afrique subsaharienne notamment, ne disposant plus de capacités monétaires souveraines pour financer leurs besoins intérieurs en investissements, ont été contraints de se tourner vers les institutions financières multilatérales, principalement celles de Bretton Woods, mais également le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Ces pays n’en sont toujours pas sortis, bien au contraire pour certains ; le corset et le fardeau de la dette sont tels que de nombreux spécialistes plaident pour une annulation pure et simple de cette dette. Car, en son état actuel, elle constituera un dangereux goulot d’étranglement pour les générations futures. Au regard de cette situation hautement préoccupante, il y a lieu de se demander si l’Afrique mobilise de manière optimale ses ressources propres pour relever ces défis titanesques auxquels elle est confrontée, et ce d’autant plus que le boom démographique vertigineux dont elle est le théâtre et qui fera d’elle le continent le plus peuplé et le plus jeune au monde va décupler ses besoins en infrastructures dans tous les domaines de la vie publique. Apport des diasporas africaines Les diasporas africaines, dont l’apport est aujourd’hui massif et multidimensionnel pour répondre à la demande sociale dans la quasi-totalité des pays africains, n’ont toujours pas été mises à contribution par les États à la hauteur de leur immense potentiel humain et financier. Il faut se souvenir que tous les États africains, sans exception, doivent leur accession à la souveraineté internationale à leurs diasporas jadis présentes aux quatre coins du monde. Pour ne prendre que l’exemple des pays d’Afrique subsaharienne francophone, après la Seconde Guerre mondiale, les actions de plaidoyer de leurs étudiants qui plus tard accédèrent aux plus hautes fonctions après les indépendances, ont été déterminantes pour la mobilisation des opinions publiques internationales et les grands décideurs mondiaux. C’est cette même diaspora estudiantine qui aura apporté son capital humain, son savoir et son savoir-faire pour bâtir au plan infrastructurel les jeunes États africains, en dépit des apports internationaux. Depuis au moins quatre décennies, il est incontestablement reconnu que les transferts de fonds des diasporas africaines vers l’Afrique sont non seulement plus importants que l’Aide publique au développement, mais contribuent également de manière significative à suppléer au plan social les défaillances ou l’absence de l’État central. En dépit de tous ces apports, il est plus que jamais temps d’optimiser l’apport des diasporas africaines au développement de leurs pays. S’il faut prendre par exemple les transferts de fonds, ils pourraient être mieux canalisés, non seulement pour leur apport social, mais aussi au sein d’institutions financières spécifiquement dédiées aux financements des projets de développement, notamment infrastructurels. Comment comprendre, par exemple, que les gouvernements d’Afrique centrale ou de l’Ouest, font régulièrement appel aux marchés des capitaux pour mobiliser des fonds que pourraient leur apporter leurs diasporas ? Cette option, si elle est adoptée, exige également pour ces gouvernants de s’arrimer aux critères de bonne gouvernance et de saine gestion, tels que les leur demandent les institutions financières étrangères auxquelles ils ont régulièrement recours. Or nous sommes loin du compte. Si certains États ont créé des institutions, voire des départements ministériels dédiés à leurs diasporas, force est de reconnaître qu’à l’exception de rares pays, ces institutions sont politisées pour faire allégeance aux pouvoirs en place. Dès lors, l’excellence, la compétence et la performance n’étant plus de règle, l’apport de ces diasporas se trouve très peu valorisé. Compter sur l’expertise africaine Le capital humain des diasporas africaines est assurément la dimension de leur apport qui est la moins valorisée. Il est consternant de constater qu’en Afrique, plus de six décennies après les indépendances, il est toujours fait appel, et de manière quasi systématique, à des expertises étrangères pour la conception et l’implémentation des projets de développement, et pour des sommes faramineuses. Or, dans tous les États africains actuels et dans tous les domaines de compétence, il existe un capital humain parfois plus compétent que cette expertise extérieure. Avec une approche endogène de la mobilisation du capital humain, notamment de leurs diasporas, les États africains engrangeraient d’importants gains de productivité ; ils tireraient également profit du fait que ce capital humain endogène est imprégné des réalités locales. Si l’Union africaine, dans son agenda 2063, considère à juste titre les diasporas comme la « sixième région d’Afrique », il est plus que jamais urgent pour l’Afrique de donner à cette déclaration de principe une réalité opérationnelle et historique..

⏱ Temps de lecture estimé : 5 minutes

Cette tribune analyse le rôle crucial que joue et devrait jouer les diasporas africaines en Europe et dans d’autres continents.

L’Afrique a connu un recul considérable des investissements sur son sol après la ruée des investisseurs vers ce continent dans les années 1960-1970, au maximum jusqu’au milieu des années 1980. Paradoxalement, c’est au moment où le continent africain se convertit aux doctrines du libéralisme économique et politique, aux lois du marché, que non seulement les investissements commencent à se raréfier, mais, en outre, nombre de pays africains sont sommés de se défaire de pans importants des attributs de leur souveraineté économique et financière pour les céder aux investisseurs étrangers, pour la plupart occidentaux.

Dans le même temps, les pays d’Afrique subsaharienne notamment, ne disposant plus de capacités monétaires souveraines pour financer leurs besoins intérieurs en investissements, ont été contraints de se tourner vers les institutions financières multilatérales, principalement celles de Bretton Woods, mais également le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

Ces pays n’en sont toujours pas sortis, bien au contraire pour certains ; le corset et le fardeau de la dette sont tels que de nombreux spécialistes plaident pour une annulation pure et simple de cette dette. Car, en son état actuel, elle constituera un dangereux goulot d’étranglement pour les générations futures.

Au regard de cette situation hautement préoccupante, il y a lieu de se demander si l’Afrique mobilise de manière optimale ses ressources propres pour relever ces défis titanesques auxquels elle est confrontée, et ce d’autant plus que le boom démographique vertigineux dont elle est le théâtre et qui fera d’elle le continent le plus peuplé et le plus jeune au monde va décupler ses besoins en infrastructures dans tous les domaines de la vie publique.

Apport des diasporas africaines

Les diasporas africaines, dont l’apport est aujourd’hui massif et multidimensionnel pour répondre à la demande sociale dans la quasi-totalité des pays africains, n’ont toujours pas été mises à contribution par les États à la hauteur de leur immense potentiel humain et financier.

Il faut se souvenir que tous les États africains, sans exception, doivent leur accession à la souveraineté internationale à leurs diasporas jadis présentes aux quatre coins du monde. Pour ne prendre que l’exemple des pays d’Afrique subsaharienne francophone, après la Seconde Guerre mondiale, les actions de plaidoyer de leurs étudiants qui plus tard accédèrent aux plus hautes fonctions après les indépendances, ont été déterminantes pour la mobilisation des opinions publiques internationales et les grands décideurs mondiaux. C’est cette même diaspora estudiantine qui aura apporté son capital humain, son savoir et son savoir-faire pour bâtir au plan infrastructurel les jeunes États africains, en dépit des apports internationaux.

Depuis au moins quatre décennies, il est incontestablement reconnu que les transferts de fonds des diasporas africaines vers l’Afrique sont non seulement plus importants que l’Aide publique au développement, mais contribuent également de manière significative à suppléer au plan social les défaillances ou l’absence de l’État central.

En dépit de tous ces apports, il est plus que jamais temps d’optimiser l’apport des diasporas africaines au développement de leurs pays. S’il faut prendre par exemple les transferts de fonds, ils pourraient être mieux canalisés, non seulement pour leur apport social, mais aussi au sein d’institutions financières spécifiquement dédiées aux financements des projets de développement, notamment infrastructurels. Comment comprendre, par exemple, que les gouvernements d’Afrique centrale ou de l’Ouest, font régulièrement appel aux marchés des capitaux pour mobiliser des fonds que pourraient leur apporter leurs diasporas ? Cette option, si elle est adoptée, exige également pour ces gouvernants de s’arrimer aux critères de bonne gouvernance et de saine gestion, tels que les leur demandent les institutions financières étrangères auxquelles ils ont régulièrement recours.

Or nous sommes loin du compte. Si certains États ont créé des institutions, voire des départements ministériels dédiés à leurs diasporas, force est de reconnaître qu’à l’exception de rares pays, ces institutions sont politisées pour faire allégeance aux pouvoirs en place. Dès lors, l’excellence, la compétence et la performance n’étant plus de règle, l’apport de ces diasporas se trouve très peu valorisé.

Compter sur l’expertise africaine

Le capital humain des diasporas africaines est assurément la dimension de leur apport qui est la moins valorisée. Il est consternant de constater qu’en Afrique, plus de six décennies après les indépendances, il est toujours fait appel, et de manière quasi systématique, à des expertises étrangères pour la conception et l’implémentation des projets de développement, et pour des sommes faramineuses. Or, dans tous les États africains actuels et dans tous les domaines de compétence, il existe un capital humain parfois plus compétent que cette expertise extérieure. Avec une approche endogène de la mobilisation du capital humain, notamment de leurs diasporas, les États africains engrangeraient d’importants gains de productivité ; ils tireraient également profit du fait que ce capital humain endogène est imprégné des réalités locales.

Si l’Union africaine, dans son agenda 2063, considère à juste titre les diasporas comme la « sixième région d’Afrique », il est plus que jamais urgent pour l’Afrique de donner à cette déclaration de principe une réalité opérationnelle et historique.

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