⏱ Temps de lecture estimé : 5 minutes
Dans cette tribune, Mamadou Ismaïla Konaté, avocat à la Cour, aux barreaux du Mali et de Paris, arbitre, ancien Garde des Sceaux et ministre de la Justice, se dit préoccupé par la prise du village de Farabougou (situé à 400 kilomètres au nord de Bamako) par le JNIM. C'est pourquoi il appelle à un sursaut national pour éviter l'effondrement du pays souhaité par les combattants du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM), dirigé par le prédicateur malien Iyad Ag Ghaly.. Le Mali sombre dans un chaos sans précédent. Cinq années après les putschs successifs de 2020 et 2021, le bilan est accablant : l’État malien n’existe plus que sur le papier, tandis que les groupes djihadistes étendent méthodiquement leur emprise sur le territoire national. La moisson du double putsch se résume aujourd’hui à l’effondrement total de l’autorité de l’État et à la livraison du pays aux forces du terrorisme. L’offensive djihadiste : quand l’État capitule Depuis le 6 juillet 2025, les groupes djihadistes ont franchi un nouveau cap dans leur stratégie de déstabilisation. Leurs communiqués annoncent désormais ouvertement leur intention d’empêcher la circulation des camions et de désorganiser l’approvisionnement en carburant sur l’ensemble du territoire national. Cette escalade révèle une confiance nouvelle des terroristes, désormais sûrs de leur suprématie face à un État fantôme. Bamako et le Mali ont des allures de Kaboul après sa chute Comme en Afghanistan, nous assistons à l’effondrement méthodique d’un État incapable de résister à l’avancée des forces obscurantistes. La comparaison n’est pas fortuite : dans les deux cas, l’incompétence des dirigeants a ouvert la voie à la prise de contrôle par des groupes armés radicaux. À Farabougou, la capitulation est totale. Les djihadistes y ont officié leur troisième prière du vendredi au milieu du village, en présence de tous les habitants. Le Mali a déserté Farabougou. Même les non-croyants participent désormais aux prières du vendredi, contraints par l’absence totale de l’État malien. Cette scène symbolise l’effondrement de la République laïque que tous les gouvernements successifs à la tête de l’État avaient pris soin de bâtir. Le risque est désormais évident : ces forces djihadistes, enhardies par l’inaction des autorités, envisagent des actions plus téméraires et périlleuses. Le chérif de Nioro pourrait devenir une cible dans cette aventure dont le seul responsable est Assimi Goïta, soutenu par ses camarades colonels. Le silence complice du pouvoir militaire Face à cette offensive terroriste, que fait le pouvoir militaire ? Il se tait. La Direction de l’information et des relations publiques de l’armée (DIRPA) ne communique plus depuis plus d’une semaine, illustrant l’incapacité totale des colonels putschistes à assumer leurs responsabilités. Ils ne daignent même plus donner de la voix face à l’effondrement qu’ils ont provoqué. Cette absence de communication révèle une vérité cruelle : les djihadistes ont trouvé leurs complices en la personne des colonels putschistes. Par leur incompétence et leur irresponsabilité, ces derniers ont créé les conditions idéales pour l’expansion du terrorisme au Mali. La faillite d’un système prédateur Au-delà de l’effondrement sécuritaire, c’est tout l’appareil d’État qui a été livré à la prédation. La moisson du double putsch de 2020 et 2021 se résume-t-elle à l’exposition des deniers publics à la dilapidation, sous le fallacieux alibi d’acquisition d’armes et d’armements dans des circuits à la fois informels et mafieux ? La mainmise sur l’or, les mines d’or et l’exploitation aurifère est désormais contrôlée par des individus sans autres référents que leur belle silhouette destinée à prendre part à des concours de beauté à Dubaï. Pendant que le pays brûle, ses richesses sont pillées. L’urgence d’un sursaut national Il est clair aujourd’hui que les djihadistes ne visent que l’effondrement de l’État et de la nation malienne. Face à cette réalité, il faut en appeler à la fin de la transition et du régime militaire autoritaire qui la soutient. Il faut une prise de conscience dans un sursaut national pour arrêter le déluge. Il faut que les Maliens se parlent, s’écoutent et s’entendent pour arrêter l’hémorragie. Au bout du compte, le putsch du 18 août 2020 et celui de 2021 n’auront servi qu’à ramener le Mali plus bas qu’il n’a jamais été. Il est temps de dire stop à cette dérive et de reprendre en main le destin de notre pays. _______________________________________________ Références [1] Mamadou Ismaïla Konaté, « Ce qu’il faut faire pour sortir de l’impasse actuelle. (…) Le Mali ne sera pas une République islamique », entretien exclusif avec Dakaractu, 13 juillet 2020. .⏱ Temps de lecture estimé : 5 minutes
Le Mali sombre dans un chaos sans précédent. Cinq années après les putschs successifs de 2020 et 2021, le bilan est accablant : l’État malien n’existe plus que sur le papier, tandis que les groupes djihadistes étendent méthodiquement leur emprise sur le territoire national. La moisson du double putsch se résume aujourd’hui à l’effondrement total de l’autorité de l’État et à la livraison du pays aux forces du terrorisme.
Depuis le 6 juillet 2025, les groupes djihadistes ont franchi un nouveau cap dans leur stratégie de déstabilisation. Leurs communiqués annoncent désormais ouvertement leur intention d’empêcher la circulation des camions et de désorganiser l’approvisionnement en carburant sur l’ensemble du territoire national. Cette escalade révèle une confiance nouvelle des terroristes, désormais sûrs de leur suprématie face à un État fantôme.
Comme en Afghanistan, nous assistons à l’effondrement méthodique d’un État incapable de résister à l’avancée des forces obscurantistes. La comparaison n’est pas fortuite : dans les deux cas, l’incompétence des dirigeants a ouvert la voie à la prise de contrôle par des groupes armés radicaux.
À Farabougou, la capitulation est totale. Les djihadistes y ont officié leur troisième prière du vendredi au milieu du village, en présence de tous les habitants. Le Mali a déserté Farabougou. Même les non-croyants participent désormais aux prières du vendredi, contraints par l’absence totale de l’État malien. Cette scène symbolise l’effondrement de la République laïque que tous les gouvernements successifs à la tête de l’État avaient pris soin de bâtir.
Le risque est désormais évident : ces forces djihadistes, enhardies par l’inaction des autorités, envisagent des actions plus téméraires et périlleuses. Le chérif de Nioro pourrait devenir une cible dans cette aventure dont le seul responsable est Assimi Goïta, soutenu par ses camarades colonels.
Face à cette offensive terroriste, que fait le pouvoir militaire ? Il se tait. La Direction de l’information et des relations publiques de l’armée (DIRPA) ne communique plus depuis plus d’une semaine, illustrant l’incapacité totale des colonels putschistes à assumer leurs responsabilités. Ils ne daignent même plus donner de la voix face à l’effondrement qu’ils ont provoqué.
Cette absence de communication révèle une vérité cruelle : les djihadistes ont trouvé leurs complices en la personne des colonels putschistes. Par leur incompétence et leur irresponsabilité, ces derniers ont créé les conditions idéales pour l’expansion du terrorisme au Mali.
Au-delà de l’effondrement sécuritaire, c’est tout l’appareil d’État qui a été livré à la prédation. La moisson du double putsch de 2020 et 2021 se résume-t-elle à l’exposition des deniers publics à la dilapidation, sous le fallacieux alibi d’acquisition d’armes et d’armements dans des circuits à la fois informels et mafieux ?
La mainmise sur l’or, les mines d’or et l’exploitation aurifère est désormais contrôlée par des individus sans autres référents que leur belle silhouette destinée à prendre part à des concours de beauté à Dubaï. Pendant que le pays brûle, ses richesses sont pillées.
Il est clair aujourd’hui que les djihadistes ne visent que l’effondrement de l’État et de la nation malienne. Face à cette réalité, il faut en appeler à la fin de la transition et du régime militaire autoritaire qui la soutient. Il faut une prise de conscience dans un sursaut national pour arrêter le déluge. Il faut que les Maliens se parlent, s’écoutent et s’entendent pour arrêter l’hémorragie.
Au bout du compte, le putsch du 18 août 2020 et celui de 2021 n’auront servi qu’à ramener le Mali plus bas qu’il n’a jamais été. Il est temps de dire stop à cette dérive et de reprendre en main le destin de notre pays.
_______________________________________________
Références
[1] Mamadou Ismaïla Konaté, « Ce qu’il faut faire pour sortir de l’impasse actuelle. (…) Le Mali ne sera pas une République islamique », entretien exclusif avec Dakaractu, 13 juillet 2020.
Pour offrir les meilleures expériences, nous et nos partenaires utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations de l’appareil. Le consentement à ces technologies nous permettra, ainsi qu’à nos partenaires, de traiter des données personnelles telles que le comportement de navigation ou des ID uniques sur ce site et afficher des publicités (non-) personnalisées. Ne pas consentir ou retirer son consentement peut nuire à certaines fonctionnalités et fonctions.
Cliquez ci-dessous pour accepter ce qui précède ou faites des choix détaillés. Vos choix seront appliqués uniquement à ce site. Vous pouvez modifier vos réglages à tout moment, y compris le retrait de votre consentement, en utilisant les boutons de la politique de cookies, ou en cliquant sur l’onglet de gestion du consentement en bas de l’écran.