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Représentation politique des femmes et parité en Afrique

Représentation politique des femmes et parité en Afrique. Article écrit par Éric Topona. Publié le 5 septembre 2025à 16h05

⏱ Temps de lecture estimé : 6 minutes

Au XXe siècle, au même titre que l’émancipation des peuples colonisés et la suppression des poches résiduelles d’esclavage, la question de la reconnaissance des droits politiques, économiques et sociaux des femmes a été l’un des combats majeurs autour de la reconnaissance de la dignité humaine.. Jamais, dans l’histoire de l’humanité, une composante du genre humain n’a été autant marginalisée que les femmes. Ce qu’il y a de singulier dans la condition féminine, c’est d’abord la minoration de leurs aptitudes, de leurs capacités à faire société au même titre que les êtres humains de sexe masculin. Pour s’en tenir aux grands mouvements d’idées qui ont façonné le monde moderne, précisément les religions du Livre ou traditionnelles, force est de constater que toutes, à quelques nuances près, relèguent les femmes à un statut social subalterne, voire leur attribue une reconnaissance sociale inférieure à celle reconnue à la gent masculine. Dans les grands espaces civilisationnels ou de culture, on a certes connu à maints moments de l’histoire des sociétés matriarcales ; lesquelles, cependant, sont des exceptions qui confirment la règle. Ce fut en particulier le cas dans l’Afrique antique. Parcours historiques des femmes africaines Les parcours historiques des Amazones en Afrique de l’Ouest, ces guerrières intrépides, ou de certaines reines très influentes en Afrique centrale, notamment dans l’ancien Royaume du Kongo, ont été richement documentés et sont demeurés fort célèbres. Quelques-unes étaient d’ailleurs réputées pour leurs pouvoirs politiques et spirituels de premier plan, surtout dans certaines sociétés initiatiques qui étaient fermées aux hommes qui avaient interdiction d’y faire intrusion, au risque de se voir jeter un mauvais sort incurable. Durant les luttes pour la décolonisation de l’Afrique, de nombreuses personnalités féminines africaines ont mené des batailles politiques de premier plan pour la libération du continent africain du joug de la domination coloniale. Elles ont été notamment présentes au sein d’organisations syndicales, dans des pays tels que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Nigeria ou le Ghana. Nous ne saurions passer sous silence le mouvement des femmes ​du ​ Congrès national africain (African National Congress,​ abrégé en ANC)​ en Afrique du Sud, dont le combat contre l’Apartheid, sous l’autorité charismatique de Winnie Mandela et qui demeure dans les mémoires. La question de la représentativité des femmes En dépit de cette présence historique des femmes en politique aussi bien dans l’Afrique précoloniale qu’aux toutes premières heures de l’Afrique postcoloniale, il se pose néanmoins la question de leur juste représentation en politique. Cette préoccupation se fonde sur une réalité anthropologique, voire sociologique. Il est de notoriété publique qu’en Afrique, et bien au-delà, les femmes constituent le socle sur lequel de très nombreuses familles bâtissent leur équilibre. Elles sont le point névralgique grâce auquel les enfants font leurs premiers pas dans la société et acquièrent le corps de principes et de valeurs qui les rendront dignes des attentes que le corps social place en eux. Comment comprendre que, dans de nombreux pays en Afrique, les États modernes semblent plutôt reproduire dans l’espace politique et de manière générale dans la gestion des affaires de la cité, des valeurs qui marginalisent les femmes et les éloignent des cercles de décision qui déterminent pourtant leur devenir. Il faut certes reconnaître que, lorsque les sociétés africaines s’ouvrent au libéralisme politique et économique au début des années 1990, de nombreux goulots d’étranglement, voire des lois liberticides et d’un autre âge sont abolies, dans les pays d’Afrique subsaharienne francophone par exemple. Dans certains de ces pays, il n’était guère possible pour une femme de voyager sans obtenir l’autorisation de son conjoint ou d’ouvrir de manière autonome un compte bancaire. Des avancées notables en politique… Mais c’est en politique que s’amorcent des avancées significatives. Au Liberia, Ellen Johnson Sirleaf est élue chef d’État​ le 23 novembre 2005,​ devenant ainsi la première femme à accéder à cette éminente fonction près de trois décennies après les indépendances africaines. Mais il y eut ce moment décisif qu’aura été la Déclaration et le Programme d’action à l’issue de la Conférence de Beijing en 1995. Elle a constitué un moment d’impulsion inédit dans l’histoire de la représentation des femmes en politique. De nombreux concepts ont émergé, tels que les quotas et la parité. Toutefois, si de nombreux gouvernements ont traduit ces engagements dans leur arsenal législatif, nous sommes encore loin du compte. ​… mais des efforts doivent être consentis À cet égard, il est indispensable pour les États de s’investir davantage sur le terrain de l’éducation et de la sensibilisation, aussi bien à l’endroit des femmes que des hommes. Une telle démarche devrait commencer par les lieux d​édiés à l’éducation, notamment l’école. Il est indispensable de modifier le regard que les jeunes femmes portent sur elles-mêmes et le regard que portent les hommes sur celles-ci. Cet investissement dans les consciences est d’autant plus nécessaire que c’est à ce stade de l’évolution sociale que se forment les citoyens qui seront demain responsables de la gestion des affaires de la cité. La culture est également un terrain décisif à investir, surtout les milieux religieux et tous ceux dédiés à la formation des croyances. C’est dans ces cadres de représentation que naissent la plupart des stéréotypes et autres préjugés qui structurent le corps social. Or, comme le reconnaissait Albert Einstein, « il est plus facile de détruire un atome qu’un préjugé ». C’est donc sur les terrains de la culture et de l’éducation que doit être prioritairement mené le combat pour une meilleure représentation des femmes en politique.  .

⏱ Temps de lecture estimé : 6 minutes

Au XXe siècle, au même titre que l’émancipation des peuples colonisés et la suppression des poches résiduelles d’esclavage, la question de la reconnaissance des droits politiques, économiques et sociaux des femmes a été l’un des combats majeurs autour de la reconnaissance de la dignité humaine.

Jamais, dans l’histoire de l’humanité, une composante du genre humain n’a été autant marginalisée que les femmes. Ce qu’il y a de singulier dans la condition féminine, c’est d’abord la minoration de leurs aptitudes, de leurs capacités à faire société au même titre que les êtres humains de sexe masculin. Pour s’en tenir aux grands mouvements d’idées qui ont façonné le monde moderne, précisément les religions du Livre ou traditionnelles, force est de constater que toutes, à quelques nuances près, relèguent les femmes à un statut social subalterne, voire leur attribue une reconnaissance sociale inférieure à celle reconnue à la gent masculine.

Dans les grands espaces civilisationnels ou de culture, on a certes connu à maints moments de l’histoire des sociétés matriarcales ; lesquelles, cependant, sont des exceptions qui confirment la règle. Ce fut en particulier le cas dans l’Afrique antique.

Parcours historiques des femmes africaines

Les parcours historiques des Amazones en Afrique de l’Ouest, ces guerrières intrépides, ou de certaines reines très influentes en Afrique centrale, notamment dans l’ancien Royaume du Kongo, ont été richement documentés et sont demeurés fort célèbres. Quelques-unes étaient d’ailleurs réputées pour leurs pouvoirs politiques et spirituels de premier plan, surtout dans certaines sociétés initiatiques qui étaient fermées aux hommes qui avaient interdiction d’y faire intrusion, au risque de se voir jeter un mauvais sort incurable.

Durant les luttes pour la décolonisation de l’Afrique, de nombreuses personnalités féminines africaines ont mené des batailles politiques de premier plan pour la libération du continent africain du joug de la domination coloniale. Elles ont été notamment présentes au sein d’organisations syndicales, dans des pays tels que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Nigeria ou le Ghana. Nous ne saurions passer sous silence le mouvement des femmes ​du ​ Congrès national africain (African National Congress,​ abrégé en ANC)​ en Afrique du Sud, dont le combat contre l’Apartheid, sous l’autorité charismatique de Winnie Mandela et qui demeure dans les mémoires.

La question de la représentativité des femmes

En dépit de cette présence historique des femmes en politique aussi bien dans l’Afrique précoloniale qu’aux toutes premières heures de l’Afrique postcoloniale, il se pose néanmoins la question de leur juste représentation en politique.

Cette préoccupation se fonde sur une réalité anthropologique, voire sociologique. Il est de notoriété publique qu’en Afrique, et bien au-delà, les femmes constituent le socle sur lequel de très nombreuses familles bâtissent leur équilibre. Elles sont le point névralgique grâce auquel les enfants font leurs premiers pas dans la société et acquièrent le corps de principes et de valeurs qui les rendront dignes des attentes que le corps social place en eux.

Comment comprendre que, dans de nombreux pays en Afrique, les États modernes semblent plutôt reproduire dans l’espace politique et de manière générale dans la gestion des affaires de la cité, des valeurs qui marginalisent les femmes et les éloignent des cercles de décision qui déterminent pourtant leur devenir.

Il faut certes reconnaître que, lorsque les sociétés africaines s’ouvrent au libéralisme politique et économique au début des années 1990, de nombreux goulots d’étranglement, voire des lois liberticides et d’un autre âge sont abolies, dans les pays d’Afrique subsaharienne francophone par exemple. Dans certains de ces pays, il n’était guère possible pour une femme de voyager sans obtenir l’autorisation de son conjoint ou d’ouvrir de manière autonome un compte bancaire.

Des avancées notables en politique…

Mais c’est en politique que s’amorcent des avancées significatives. Au Liberia, Ellen Johnson Sirleaf est élue chef d’État​ le 23 novembre 2005,​ devenant ainsi la première femme à accéder à cette éminente fonction près de trois décennies après les indépendances africaines.

Mais il y eut ce moment décisif qu’aura été la Déclaration et le Programme d’action à l’issue de la Conférence de Beijing en 1995. Elle a constitué un moment d’impulsion inédit dans l’histoire de la représentation des femmes en politique. De nombreux concepts ont émergé, tels que les quotas et la parité. Toutefois, si de nombreux gouvernements ont traduit ces engagements dans leur arsenal législatif, nous sommes encore loin du compte.

​… mais des efforts doivent être consentis

À cet égard, il est indispensable pour les États de s’investir davantage sur le terrain de l’éducation et de la sensibilisation, aussi bien à l’endroit des femmes que des hommes. Une telle démarche devrait commencer par les lieux d​édiés à l’éducation, notamment l’école. Il est indispensable de modifier le regard que les jeunes femmes portent sur elles-mêmes et le regard que portent les hommes sur celles-ci. Cet investissement dans les consciences est d’autant plus nécessaire que c’est à ce stade de l’évolution sociale que se forment les citoyens qui seront demain responsables de la gestion des affaires de la cité.

La culture est également un terrain décisif à investir, surtout les milieux religieux et tous ceux dédiés à la formation des croyances. C’est dans ces cadres de représentation que naissent la plupart des stéréotypes et autres préjugés qui structurent le corps social.

Or, comme le reconnaissait Albert Einstein, « il est plus facile de détruire un atome qu’un préjugé ».

C’est donc sur les terrains de la culture et de l’éducation que doit être prioritairement mené le combat pour une meilleure représentation des femmes en politique.

 

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