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La situation sécuritaire dans les trois pays de l'AES (Mali, Burkina Faso et Niger) ne cesse de se détériorer, trois ans après le départ des soldats français du Mali.. Trois années après le retrait des troupes françaises du Mali (le 15 août 2022), une actualité récente en cours dans le pays renseigne à suffisance sur le bilan que l’on peut rétrospectivement établir après ce départ. Il s’agit des arrestations massives depuis le 8 août 2025 de militaires de haut rang de l’armée malienne, parmi lesquels deux généraux qui occupaient par ailleurs des postes sensibles dans la hiérarchie militaire du pays. Ces arrestations ont principalement eu lieu au sein de la Garde nationale, un corps de l’armée malienne auquel appartient le ministre de la Défense, le général Sadio Camara, une des principales figures du régime en place. Les militaires arrêtés sont accusés d’avoir tenté de renverser la junte au pouvoir, elle-même arrivée aux affaires et qui s’y maintient dans des conditions despotiques qui ont renvoyé aux calendes grecques l’instauration d’un État de droit. Situation sécuritaire volatile dans les autres pays de l’AES Ce fait d’actualité récent au Mali, qui est loin de connaître son épilogue, est symptomatique du fonctionnement des institutions au Mali, au Burkina Faso et au Niger depuis que ces trois juntes ont vendu à leurs peuples la promesse selon laquelle le départ des militaires français de leurs territoires respectifs était la solution à tous leurs maux. D’une part, preuve est faite que l’union sacrée autour des juntes au pouvoir ne cesse de se désagréger, d’autre part, comme dans toutes les classiques politiques du genre, la révolution commence à dévorer ses propres enfants et l’implosion est en marche. Promesses chimériques La fermeture des bases militaires françaises, telle que vendue initialement aux peuples de ces États du Sahel, n’était pas seulement arrimée à un enjeu sécuritaire. Elle gravitait autour de trois promesses phares : une accession véritable à la souveraineté jamais acquise depuis la proclamation des indépendances au début des années 1960, la reconquête de l’intégrité territoriale et l’élévation substantielle du standard de vie des populations en raison de la gestion désormais souveraine des ressources nationales. S’agissant notamment du défi sécuritaire, force est de constater que non seulement il n’a été relevé dans aucun des trois États du Sahel, mais la situation oscille entre le statu quo et la régression. Au Burkina Faso et au Mali, les juntes ont été frappées au cœur des centres névralgiques de leur pouvoir ; tant et si bien que cette vulnérabilité surprenante a progressivement instillé des doutes dans les troupes et au sein des populations qui ont commencé à questionner la capacité de ces régimes à leur assurer protection et stabilité. Au Burkina Faso où le jeune capitaine Ibrahim Traoré n’hésite pas à se draper dans le mythe d’un Sankara réincarné, une communication tous azimuts et perverse, faite de contre-vérités avec la réalité du terrain et son aura réelle à l’international, masque les réalités dramatiques du terrain où les hommes des forces armées régulières sont tombés sur les théâtres d’opérations par centaines depuis sa prise de pouvoir le 30 septembre 2022 suite à un coup d’État. Toujours fertile en idées inopérantes dans son art de l’esbroufe et de la démagogie, il s’appuie sur les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), une sorte de caricature du concept Armée-Nation créé le 21 janvier 2020 par une loi adoptée par l’Assemblée nationale sous la présidence de Roch Marc Christian Kaboré. Celui-ci a été renversé le 24 janvier 2022 par l’armée. À l’épreuve de la réalité Depuis leur création, les Volontaires pour la défense de la patrie excellent par leur incivisme, d’innombrables actes criminels pour les populations qu’ils terrorisent et qu’ils sont pourtant censés défendre. Par ailleurs, face aux terroristes djihadistes, ils ont enregistré de lourdes pertes en matériels et en hommes qui ont fait le tour des réseaux sociaux. Au Mali, la situation n’est guère meilleure. Le monde entier a vu défiler en boucle sur les réseaux sociaux, les troupes de Wagner humiliées, parfois martyrisées, alors que la junte avait vendu aux populations ces hommes de Prigogine, désormais de Poutine, comme le bouclier protecteur de leur souveraineté. Au Niger, la junte s’illustre davantage dans les médias d’État pour masquer son incurie ou ses échecs. Après avoir réclamé à cor et à cri la fermeture de la base militaire française de Niamey, il ne lui reste plus que le chiffon rouge de l’ennemi invisible pour justifier son incapacité à tenir ses promesses en matière de sécurité. La France est ainsi régulièrement pointée du doigt comme la pourvoyeuse en armes et en renseignements des terroristes. Boucs émissaires pour masquer les échecs Il faut pourtant se souvenir que les trois États de l’AES avaient annoncé à grand renfort de propagande la création d’une force commune contre les terroristes djihadistes. À ce jour, les juntes au pouvoir n’ont toujours pas dressé le bilan des actions engagées par cette force commune. Toujours dans la quête d’un bouc émissaire, les juntes de Bamako, de Niamey et de Ouagadougou ont initié des traques impitoyables contre de supposés ennemis de l’intérieur. Le placement récent en détention, au Mali, de l’ancien Premier ministre Moussa Mara est fort est fort révélateur à cet égard, tout comme l’épée de Damoclès qui pèse depuis quelque temps sur la tête de l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Le Burkina Faso n’est pas en reste dans cette chasse à l’homme ; la recrudescence d’enlèvements et les disparitions d’acteurs politiques ou de la société civile, au mépris de toutes les règles qui régissent un État de droit, sont légion. Dès lors, il est aisément compréhensible que la promesse d’un retour à l’État de droit et les chartes de Transition soient devenues caduques. Car toute perspective d’un retour à l’État de droit induit la nécessité d’une reddition des comptes. C’est sans nul doute la hantise de ces régimes militaires actuels. Or, dans un monde où la verticalité du pouvoir devient l’exception, cette perspective est peut-être lointaine, mais inéluctable..⏱ Temps de lecture estimé : 6 minutes
Trois années après le retrait des troupes françaises du Mali (le 15 août 2022), une actualité récente en cours dans le pays renseigne à suffisance sur le bilan que l’on peut rétrospectivement établir après ce départ. Il s’agit des arrestations massives depuis le 8 août 2025 de militaires de haut rang de l’armée malienne, parmi lesquels deux généraux qui occupaient par ailleurs des postes sensibles dans la hiérarchie militaire du pays.
Ces arrestations ont principalement eu lieu au sein de la Garde nationale, un corps de l’armée malienne auquel appartient le ministre de la Défense, le général Sadio Camara, une des principales figures du régime en place.
Les militaires arrêtés sont accusés d’avoir tenté de renverser la junte au pouvoir, elle-même arrivée aux affaires et qui s’y maintient dans des conditions despotiques qui ont renvoyé aux calendes grecques l’instauration d’un État de droit.
Ce fait d’actualité récent au Mali, qui est loin de connaître son épilogue, est symptomatique du fonctionnement des institutions au Mali, au Burkina Faso et au Niger depuis que ces trois juntes ont vendu à leurs peuples la promesse selon laquelle le départ des militaires français de leurs territoires respectifs était la solution à tous leurs maux.
D’une part, preuve est faite que l’union sacrée autour des juntes au pouvoir ne cesse de se désagréger, d’autre part, comme dans toutes les classiques politiques du genre, la révolution commence à dévorer ses propres enfants et l’implosion est en marche.
La fermeture des bases militaires françaises, telle que vendue initialement aux peuples de ces États du Sahel, n’était pas seulement arrimée à un enjeu sécuritaire. Elle gravitait autour de trois promesses phares : une accession véritable à la souveraineté jamais acquise depuis la proclamation des indépendances au début des années 1960, la reconquête de l’intégrité territoriale et l’élévation substantielle du standard de vie des populations en raison de la gestion désormais souveraine des ressources nationales.
S’agissant notamment du défi sécuritaire, force est de constater que non seulement il n’a été relevé dans aucun des trois États du Sahel, mais la situation oscille entre le statu quo et la régression.
Au Burkina Faso et au Mali, les juntes ont été frappées au cœur des centres névralgiques de leur pouvoir ; tant et si bien que cette vulnérabilité surprenante a progressivement instillé des doutes dans les troupes et au sein des populations qui ont commencé à questionner la capacité de ces régimes à leur assurer protection et stabilité.
Au Burkina Faso où le jeune capitaine Ibrahim Traoré n’hésite pas à se draper dans le mythe d’un Sankara réincarné, une communication tous azimuts et perverse, faite de contre-vérités avec la réalité du terrain et son aura réelle à l’international, masque les réalités dramatiques du terrain où les hommes des forces armées régulières sont tombés sur les théâtres d’opérations par centaines depuis sa prise de pouvoir le 30 septembre 2022 suite à un coup d’État. Toujours fertile en idées inopérantes dans son art de l’esbroufe et de la démagogie, il s’appuie sur les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), une sorte de caricature du concept Armée-Nation créé le 21 janvier 2020 par une loi adoptée par l’Assemblée nationale sous la présidence de Roch Marc Christian Kaboré. Celui-ci a été renversé le 24 janvier 2022 par l’armée.
Depuis leur création, les Volontaires pour la défense de la patrie excellent par leur incivisme, d’innombrables actes criminels pour les populations qu’ils terrorisent et qu’ils sont pourtant censés défendre. Par ailleurs, face aux terroristes djihadistes, ils ont enregistré de lourdes pertes en matériels et en hommes qui ont fait le tour des réseaux sociaux.
Au Mali, la situation n’est guère meilleure. Le monde entier a vu défiler en boucle sur les réseaux sociaux, les troupes de Wagner humiliées, parfois martyrisées, alors que la junte avait vendu aux populations ces hommes de Prigogine, désormais de Poutine, comme le bouclier protecteur de leur souveraineté.
Au Niger, la junte s’illustre davantage dans les médias d’État pour masquer son incurie ou ses échecs. Après avoir réclamé à cor et à cri la fermeture de la base militaire française de Niamey, il ne lui reste plus que le chiffon rouge de l’ennemi invisible pour justifier son incapacité à tenir ses promesses en matière de sécurité. La France est ainsi régulièrement pointée du doigt comme la pourvoyeuse en armes et en renseignements des terroristes.
Il faut pourtant se souvenir que les trois États de l’AES avaient annoncé à grand renfort de propagande la création d’une force commune contre les terroristes djihadistes. À ce jour, les juntes au pouvoir n’ont toujours pas dressé le bilan des actions engagées par cette force commune.
Toujours dans la quête d’un bouc émissaire, les juntes de Bamako, de Niamey et de Ouagadougou ont initié des traques impitoyables contre de supposés ennemis de l’intérieur. Le placement récent en détention, au Mali, de l’ancien Premier ministre Moussa Mara est fort est fort révélateur à cet égard, tout comme l’épée de Damoclès qui pèse depuis quelque temps sur la tête de l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.
Le Burkina Faso n’est pas en reste dans cette chasse à l’homme ; la recrudescence d’enlèvements et les disparitions d’acteurs politiques ou de la société civile, au mépris de toutes les règles qui régissent un État de droit, sont légion.
Dès lors, il est aisément compréhensible que la promesse d’un retour à l’État de droit et les chartes de Transition soient devenues caduques. Car toute perspective d’un retour à l’État de droit induit la nécessité d’une reddition des comptes. C’est sans nul doute la hantise de ces régimes militaires actuels. Or, dans un monde où la verticalité du pouvoir devient l’exception, cette perspective est peut-être lointaine, mais inéluctable.
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