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C’est une querelle que l’on croyait sur le point de disparaître au début des années 1990. L’heure était alors à la célébration du printemps des libertés en Afrique et dans de nombreuses autres régions du monde où le totalitarisme communiste avait longtemps tenu lieu de boussole idéologique.. Une page d’histoire fort sombre se refermait et une autre, en apparence radieuse, s’ouvrait dans les anciennes colonies africaines d’expression anglophone et francophone. En Afrique subsaharienne francophone notamment, une nouvelle ère de grand enthousiasme démocratique semblait poindre à l’horizon avec le célèbre discours de La Baule de François Mitterrand, prononcé le 20 juin 1990 lors de la 16e conférence des chefs d’État d’Afrique et de France, à laquelle étaient invités 37 pays africains, et qui s’est déroulée dans la commune française de La Baule-Escoublac en Loire-Atlantique. S’inscrivant dans le sens de l’histoire et à la grande surprise de nombre de ses homologues africains, le chef de l’État français de l’époque les invita à s’inscrire dans la grande dynamique de démocratisation et des libertés qui venait de s’enclencher. Bien plus, la France, longtemps accusée à tort ou à raison de parrainer les dictatures en Afrique ou d’avoir contribué par le passé au renversement de régimes en phase avec les aspirations populaires, était désormais célébrée, et ce d’autant plus que, pour le président français, l’aide de son pays sera désormais fonction des progrès accomplis en termes de démocratisation. Mais force nous est de reconnaître que cette espérance aura été de courte durée. Il n’est pas excessif de souligner que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Un peu plus de trois décennies plus tard, ce fut le retour des hommes forts, des élections truquées, du tripatouillage des constitutions, sans que ni la France ni l’Union européenne y trouvent à redire, en dehors de classiques condamnations de principe. Les critiques et les mouvements de réprobation se firent sentir avec d’autant plus de vivacité, voire de colère, que ce silence complice de l’Europe, bien plus de l’Occident, était mis au compte de sa volonté de maintenir sur l’Afrique une hégémonie séculaire pour garantir son approvisionnement en matières premières et autres minerais stratégiques. À cet égard, l’attaque de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) en Libye, entre le 19 mars et le 31 octobre 2011, dont l’objectif affiché est la mise en œuvre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, se traduisit par la destruction de ce pays naguère stable et prospère et la mise à mort affreuse de son leader Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011 dans les environs de Syrte, sa ville natale. Ces affaires ont laissé dans les opinions publiques africaines un traumatisme qui est loin de disparaître. C’est sur la base de ce contentieux géopolitique, auquel on pourrait ajouter les critiques permanentes faites à la Françafrique, cet « Empire qui ne veut pas mourir », que s’appuient depuis lors, d’une part le narratif de la Russie et de la Chine, au prétexte de n’avoir jamais colonisé l’Afrique, qui ont cependant en Afrique de grandes visées géostratégiques parfaitement assumées, et, d’autre part, les activistes néo-panafricanistes, pour accabler la France, l’Europe, voire l’Occident de tous les maux dont souffre actuellement le continent africain. Or, ce qu’il y a d’abord lieu de relever, fort paradoxalement, c’est le fait que tous ces activistes sont titulaires de la nationalité de l’un de ces pays européens auxquels ils attribuent à tort tous les malheurs du continent africain. Et pour cause, ils tirent de substantiels bénéfices des acquis de ces pays en termes de respect de l’État de droit, de libertés multiformes, de possibilités d’épanouissement pour eux-mêmes comme pour leurs familles. De cette posture, il faut en dire que, de manière implicite, voire tacite, ces personnes qui appellent à une rupture entre l’Afrique et l’Europe sont les mêmes qui promeuvent la continuité de cette relation. En effet, au-delà des drames de l’histoire, il s’est tissé des liens, des acquis entre ces deux ensembles, qui transcendent ces moments de désaccords parfois violents. Entre Européens et Africains, des liens ont été construits qui ont transcendé au fil du temps des divergences de vue économiques ou géopolitiques. Par ailleurs, la proximité géographique entre une Europe qui connaît un déficit démographique préoccupant et une Afrique théâtre d’une progression démographique fulgurante rend indispensable l’édification d’une vision d’avenir commune..⏱ Temps de lecture estimé : 5 minutes
Une page d’histoire fort sombre se refermait et une autre, en apparence radieuse, s’ouvrait dans les anciennes colonies africaines d’expression anglophone et francophone.
En Afrique subsaharienne francophone notamment, une nouvelle ère de grand enthousiasme démocratique semblait poindre à l’horizon avec le célèbre discours de La Baule de François Mitterrand, prononcé le 20 juin 1990 lors de la 16e conférence des chefs d’État d’Afrique et de France, à laquelle étaient invités 37 pays africains, et qui s’est déroulée dans la commune française de La Baule-Escoublac en Loire-Atlantique.
S’inscrivant dans le sens de l’histoire et à la grande surprise de nombre de ses homologues africains, le chef de l’État français de l’époque les invita à s’inscrire dans la grande dynamique de démocratisation et des libertés qui venait de s’enclencher.
Bien plus, la France, longtemps accusée à tort ou à raison de parrainer les dictatures en Afrique ou d’avoir contribué par le passé au renversement de régimes en phase avec les aspirations populaires, était désormais célébrée, et ce d’autant plus que, pour le président français, l’aide de son pays sera désormais fonction des progrès accomplis en termes de démocratisation.
Mais force nous est de reconnaître que cette espérance aura été de courte durée. Il n’est pas excessif de souligner que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Un peu plus de trois décennies plus tard, ce fut le retour des hommes forts, des élections truquées, du tripatouillage des constitutions, sans que ni la France ni l’Union européenne y trouvent à redire, en dehors de classiques condamnations de principe. Les critiques et les mouvements de réprobation se firent sentir avec d’autant plus de vivacité, voire de colère, que ce silence complice de l’Europe, bien plus de l’Occident, était mis au compte de sa volonté de maintenir sur l’Afrique une hégémonie séculaire pour garantir son approvisionnement en matières premières et autres minerais stratégiques.
À cet égard, l’attaque de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) en Libye, entre le 19 mars et le 31 octobre 2011, dont l’objectif affiché est la mise en œuvre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, se traduisit par la destruction de ce pays naguère stable et prospère et la mise à mort affreuse de son leader Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011 dans les environs de Syrte, sa ville natale. Ces affaires ont laissé dans les opinions publiques africaines un traumatisme qui est loin de disparaître.
C’est sur la base de ce contentieux géopolitique, auquel on pourrait ajouter les critiques permanentes faites à la Françafrique, cet « Empire qui ne veut pas mourir », que s’appuient depuis lors, d’une part le narratif de la Russie et de la Chine, au prétexte de n’avoir jamais colonisé l’Afrique, qui ont cependant en Afrique de grandes visées géostratégiques parfaitement assumées, et, d’autre part, les activistes néo-panafricanistes, pour accabler la France, l’Europe, voire l’Occident de tous les maux dont souffre actuellement le continent africain.
Or, ce qu’il y a d’abord lieu de relever, fort paradoxalement, c’est le fait que tous ces activistes sont titulaires de la nationalité de l’un de ces pays européens auxquels ils attribuent à tort tous les malheurs du continent africain. Et pour cause, ils tirent de substantiels bénéfices des acquis de ces pays en termes de respect de l’État de droit, de libertés multiformes, de possibilités d’épanouissement pour eux-mêmes comme pour leurs familles.
De cette posture, il faut en dire que, de manière implicite, voire tacite, ces personnes qui appellent à une rupture entre l’Afrique et l’Europe sont les mêmes qui promeuvent la continuité de cette relation.
En effet, au-delà des drames de l’histoire, il s’est tissé des liens, des acquis entre ces deux ensembles, qui transcendent ces moments de désaccords parfois violents.
Entre Européens et Africains, des liens ont été construits qui ont transcendé au fil du temps des divergences de vue économiques ou géopolitiques.
Par ailleurs, la proximité géographique entre une Europe qui connaît un déficit démographique préoccupant et une Afrique théâtre d’une progression démographique fulgurante rend indispensable l’édification d’une vision d’avenir commune.
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