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Dans Ventdafrique, Oumar Mariko, homme politique malien, ancien parlementaire malien rend hommage à l'avocat Hassane Barry décédé ce jeudi 2 octobre 2025 des suites d'une crise cardiaque.. La disparition de Maître Hassane Barry est une immense perte pour la Nation malienne. Elle survient à un moment où notre pays, en proie aux turbulences politico-militaires et aux fractures identitaires, avait plus que jamais besoin d’hommes de sa trempe, à la fois lucides, courageux et visionnaires. Du jeune fougueux à l’étudiant en droit Hassane Barry fut d’abord ce jeune fougueux, animé d’une énergie débordante, qui s’indignait devant l’injustice et refusait les compromissions. Très tôt, il s’est engagé dans les luttes estudiantines, non pas par goût de l’agitation mais par amour de la vérité et par souci de défendre les plus faibles. À l’université, l’étudiant en droit qu’il était déjà impressionnait par la rigueur de son raisonnement, la justesse de ses analyses et la fermeté de ses convictions. Le juriste et l’avocat Du banc de l’université à la barre des tribunaux, Barry a incarné le juriste dans toute sa noblesse : intègre, méthodique, attaché à la règle de droit mais soucieux que celle-ci serve l’humain. Avocat engagé, il a su mettre son savoir et son éloquence au service des plus démunis, des oubliés de la République, des victimes de discriminations et des minorités stigmatisées. Sa toge noire était son armure et sa voix, une arme pacifique contre l’arbitraire. Face aux intimidations et aux menaces, il n’a jamais reculé. Là où beaucoup pliaient, il se redressait. Là où certains cédaient au silence ou à la compromission, il choisissait la parole libre, même au péril de sa sécurité. Le militant politique et la cause peulh Barry fut aussi un militant politique, un homme de terrain, un porte-voix des sans-voix. Il a porté haut la cause de la communauté peulh, la sienne, lorsque celle-ci était injustement stigmatisée et assimilée aux maux qui déchirent le Mali. Il a dénoncé, sans relâche, l’amalgame qui fait du Peulh un « djihadiste », du Touareg un « rebelle », et de tous un « terroriste ». Par ses écrits, ses plaidoiries et ses interventions publiques, il a défendu l’honneur de communautés entières. Il a montré que l’identité peulh, riche de culture et de finesse, n’était pas une menace mais une chance pour le Mali et pour l’Afrique. Avec intelligence et courage, il a affronté les régimes successifs et leurs serviteurs zélés, toujours enclins à alimenter la confusion et la division. Il a rappelé à chacun que la paix véritable ne saurait se construire sur la stigmatisation d’une partie de la population. Un rempart contre l’injustice Son parcours fut celui d’un rempart. Un rempart contre les dérives autoritaires. Un rempart contre la politique belliciste aux relents ethnicistes. Un rempart contre la banalisation des crimes ciblés. Il a su, dans ce combat difficile, conjuguer la rigueur du juriste, l’audace du militant et la sagesse puisée dans sa culture peulh. Comme il le disait lui-même, « il faut savoir nager dans la mare aux caïmans » sans jamais perdre son intégrité. Ce que les régimes et leurs intimidations n’ont pu obtenir de lui, la nature vient de l’accomplir en nous l’arrachant prématurément. En Hassane Barry, c’est une bibliothèque qui disparaît, un savoir, une expérience et une voix dont le Mali avait cruellement besoin. Le témoignage de Me Konaté En évoquant la fraîche mémoire de son aîné et confrère Hassane Barry, Me Mamadou Ismaïla KONATÉ, aujourd’hui endeuillé par la perte récente de sa mère, m’a confié une anecdote saisissante : il y a plus de trente ans, jeune avocat prêtant serment devant le Premier président de la Cour d’appel de Bamako, Hassane Barry, présent dans la salle, lui avait prédit qu’un jour il serait Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Cette prophétie, Barry lui-même l’a rappelée le 7 juillet 2016, jour de son entrée au gouvernement en qualité de ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Ce lien entre les deux hommes illustre combien Barry savait reconnaître les talents, pressentir les destins, et accompagner avec fraternité et bienveillance ses cadets. Un héritage de courage et de fraternité Au moment où la nation malienne cherche désespérément à retrouver la paix, la sécurité et la justice sociale, elle perd l’un de ses fils les plus courageux et les plus talentueux. Je garde en mémoire ses contributions brillantes, ses analyses lucides, ses paroles fortes mais toujours empreintes de dignité. Je n’oublie pas ses gestes de solidarité, ses aides discrètes à mon endroit dans cet exil forcé que je vis. Nous devions nous revoir ; il me l’avait promis. Les contingences de la vie avaient retardé ces retrouvailles. La mort, implacable, les rend désormais impossibles. Conclusion Merci, Hassane. Merci pour ton courage, ton engagement, ta loyauté envers les causes justes. Merci pour ton combat mené contre vents et marées. Paix à ton âme. Que la terre de tes ancêtres t’accompagne avec douceur et que ton souvenir continue d’inspirer les générations futures. Dr Oumar Mariko, homme politique malien, ancien parlementaire.⏱ Temps de lecture estimé : 5 minutes
La disparition de Maître Hassane Barry est une immense perte pour la Nation malienne. Elle survient à un moment où notre pays, en proie aux turbulences politico-militaires et aux fractures identitaires, avait plus que jamais besoin d’hommes de sa trempe, à la fois lucides, courageux et visionnaires.
Hassane Barry fut d’abord ce jeune fougueux, animé d’une énergie débordante, qui s’indignait devant l’injustice et refusait les compromissions. Très tôt, il s’est engagé dans les luttes estudiantines, non pas par goût de l’agitation mais par amour de la vérité et par souci de défendre les plus faibles. À l’université, l’étudiant en droit qu’il était déjà impressionnait par la rigueur de son raisonnement, la justesse de ses analyses et la fermeté de ses convictions.
Du banc de l’université à la barre des tribunaux, Barry a incarné le juriste dans toute sa noblesse : intègre, méthodique, attaché à la règle de droit mais soucieux que celle-ci serve l’humain. Avocat engagé, il a su mettre son savoir et son éloquence au service des plus démunis, des oubliés de la République, des victimes de discriminations et des minorités stigmatisées. Sa toge noire était son armure et sa voix, une arme pacifique contre l’arbitraire.
Face aux intimidations et aux menaces, il n’a jamais reculé. Là où beaucoup pliaient, il se redressait. Là où certains cédaient au silence ou à la compromission, il choisissait la parole libre, même au péril de sa sécurité.
Barry fut aussi un militant politique, un homme de terrain, un porte-voix des sans-voix. Il a porté haut la cause de la communauté peulh, la sienne, lorsque celle-ci était injustement stigmatisée et assimilée aux maux qui déchirent le Mali.
Il a dénoncé, sans relâche, l’amalgame qui fait du Peulh un « djihadiste », du Touareg un « rebelle », et de tous un « terroriste ». Par ses écrits, ses plaidoiries et ses interventions publiques, il a défendu l’honneur de communautés entières. Il a montré que l’identité peulh, riche de culture et de finesse, n’était pas une menace mais une chance pour le Mali et pour l’Afrique.
Avec intelligence et courage, il a affronté les régimes successifs et leurs serviteurs zélés, toujours enclins à alimenter la confusion et la division. Il a rappelé à chacun que la paix véritable ne saurait se construire sur la stigmatisation d’une partie de la population.
Son parcours fut celui d’un rempart. Un rempart contre les dérives autoritaires. Un rempart contre la politique belliciste aux relents ethnicistes. Un rempart contre la banalisation des crimes ciblés. Il a su, dans ce combat difficile, conjuguer la rigueur du juriste, l’audace du militant et la sagesse puisée dans sa culture peulh. Comme il le disait lui-même, « il faut savoir nager dans la mare aux caïmans » sans jamais perdre son intégrité.
Ce que les régimes et leurs intimidations n’ont pu obtenir de lui, la nature vient de l’accomplir en nous l’arrachant prématurément. En Hassane Barry, c’est une bibliothèque qui disparaît, un savoir, une expérience et une voix dont le Mali avait cruellement besoin.
En évoquant la fraîche mémoire de son aîné et confrère Hassane Barry, Me Mamadou Ismaïla KONATÉ, aujourd’hui endeuillé par la perte récente de sa mère, m’a confié une anecdote saisissante : il y a plus de trente ans, jeune avocat prêtant serment devant le Premier président de la Cour d’appel de Bamako, Hassane Barry, présent dans la salle, lui avait prédit qu’un jour il serait Garde des Sceaux, ministre de la Justice.
Cette prophétie, Barry lui-même l’a rappelée le 7 juillet 2016, jour de son entrée au gouvernement en qualité de ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Ce lien entre les deux hommes illustre combien Barry savait reconnaître les talents, pressentir les destins, et accompagner avec fraternité et bienveillance ses cadets.
Au moment où la nation malienne cherche désespérément à retrouver la paix, la sécurité et la justice sociale, elle perd l’un de ses fils les plus courageux et les plus talentueux.
Je garde en mémoire ses contributions brillantes, ses analyses lucides, ses paroles fortes mais toujours empreintes de dignité. Je n’oublie pas ses gestes de solidarité, ses aides discrètes à mon endroit dans cet exil forcé que je vis. Nous devions nous revoir ; il me l’avait promis. Les contingences de la vie avaient retardé ces retrouvailles. La mort, implacable, les rend désormais impossibles.
Merci, Hassane.
Merci pour ton courage, ton engagement, ta loyauté envers les causes justes.
Merci pour ton combat mené contre vents et marées.
Paix à ton âme.
Que la terre de tes ancêtres t’accompagne avec douceur et que ton souvenir continue d’inspirer les générations futures.
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