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Élection présidentielle de toutes les inconnues au Cameroun

Élection présidentielle de toutes les inconnues au Cameroun. Article écrit par Dewa Aboubakar. Publié le 6 octobre 2025à 07h30

⏱ Temps de lecture estimé : 10 minutes

​​Au Cameroun, c’est la dernière ligne droite de la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Le président sortant, Paul Biya, âgé de 92 ans dont 43 au pouvoir, brigue un huitième mandat de sept ans. Face à lui, 11 autres candidats, dont deux ont apporté leur soutien à l’ancien ministre Bello Bouba Maïgari. Un scrutin « inédit » et une jeunesse en quête de réponses à ces difficultés quotidiennes : la présidentielle camerounaise cristallise tous les regards. L’analyse de Dewa Aboubakar, correspondant de Vent d 'Afrique au Cameroun.. Le 12 octobre prochain, les Camerounais sont conviés aux urnes pour élire leur président de la République. Pour de nombreux observateurs, hormis 1992, le scrutin s’annonce ouvert, du moins en apparence, avec douze candidats retenus par le Conseil constitutionnel. Derrière la pluralité des candidatures se cache un enjeu central : la pérennité du régime de Paul Biya, 92 ans – dont 43 années au pouvoir ! – avec la capacité des candidats de l’opposition à incarner une alternative crédible. Élections Cameroon (ELECAM), l’organe chargé de l’organisation des élections, assure que le processus électoral se déroulera dans la transparence. « Toutes les garanties sont prises pour un scrutin apaisé et inclusif », a déclaré le président du Conseil électoral, Enow Abrams Egbe, lors de la publication des listes électorales, le 26 août dernier. Pourtant, dans l’opinion, des doutes persistent. La crise qui secoue depuis 2016 dans les régions anglophones du pays (nord-ouest et sud-ouest) et la faible confiance des Camerounais dans les institutions alimentent un scepticisme. Le Conseil constitutionnel a, de son côté, tranché les recours et validé la liste définitive. À trois semaines du scrutin, chaque camp tente de mobiliser un électorat profondément marqué par le chômage, l’inflation et une demande d’alternance. Douze candidats, douze trajectoires Le 5 août 2025, la liste des candidatures validées par le Conseil constitutionnel est tombée comme un couperet. Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018, ne sera pas candidat cette année. Son recours a été rejeté par une décision des juges constitutionnels conduits par son président Clément Atangana. 12 candidats sur les 13 préalablement retenus par ELECAM vont donc se partager les voix de quelque 8 millions d’électeurs inscrits. La liste définitive reflète la diversité du champ politique camerounais, mêlant figures expérimentées et candidats émergents. Revue des profils. Paul Biya (RDPC, 92 ans) : Président de la République depuis 1982, ancien Premier ministre (1975-1982), c’est le doyen d’âge de la douzaine des candidats retenus. Dans le message d’annonce de sa candidature, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) explique avoir consolidé l’unité nationale, modernisé des infrastructures et joué un rôle actif dans la diplomatie régionale. Son programme phare met l’accent sur la stabilité nationale, la consolidation des grands chantiers et la sécurité. Akere Muna (Univers, 73 ans) : Avocat de renommée internationale, ancien président de Transparency International Cameroun (2000-2006), candidat à l’élection présidentielle camerounaise de 2018 pour l’Alliance des forces patriotiques (AFP), il avait décidé de retirer sa candidature au profit de Maurice Kamto. Dans son projet politique, « Monsieur Propre » comme on l’appelle, vise la lutte contre la corruption et la réforme institutionnelle, avec un accent sur l’indépendance judiciaire. Il a annoncé son retrait de la course à la présidence du Cameroun au profit de Bello Bouba Maigari. Bello Bouba Maigari (UNDP, 78 ans) : Ancien Premier ministre de Paul Biya (1982–1983), ancien ministre (1997-2025), député, le président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) et figure historique de l’opposition modérée, est arrivé troisième à la présidentielle de 1992. Son projet politique est calqué sur la justice et l’équité, le compromis politique, tout en favorisant le dialogue national pour la paix. Joshua Osih (SDF, 56 ans) : Député et président du Social Democratic Front, ancien vice-président du SDF et candidat à la présidentielle de 2018, il défend la décentralisation accrue, la modernisation des services publics et l’intégration active des jeunes dans la gouvernance. Dans ses prises de parole, Joshua Osih promet de mettre un terme à la crise anglophone en 100 jours. Seta Caxton Ateki (PAL, 39 ans) : Il est le plus jeune de tous les candidats en lice. Membre de la société civile et cadre politique, il a occupé divers postes de responsabilité au sein du Parti de l’Alliance libérale. Né dans la région en crise du nord-ouest, le candidat du PAL se définit comme un leader visionnaire engagé pour la démocratie, le développement et l’autonomisation des jeunes. Son projet phare vise la moralisation de la vie publique, le renforcement des institutions et la création d’emplois pour la jeunesse. Comme Akere Muna, Seta Caxton Ateki a décidé de se rallier à la candidature de Bello Bouba Maigari. Issa Tchiroma Bakary (FSNC, 76 ans) : Ancien ministre de la Communication, des Transports et de l’Emploi et ancien porte-parole du gouvernement, le président et candidat du Front pour le salut national du Cameroun en a surpris plus d’un en démissionnant du gouvernement le 24 juin dernier. 24 heures plus tard, il officialise sa candidature à la présidentielle de 2025.  Il met l’accent sur la sécurité nationale, la stabilité institutionnelle et la réforme administrative. Cabral Libii (PCRN, 45 ans) : Juriste et journaliste, candidat arrivé troisième lors de la présidentielle de 2018, le député et président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale est confiant : « Je vais gagner cette élection », argue-t-il. Son projet phare repose sur le libéralisme communautaire, l’innovation économique et sociale, la création d’emplois et le renouveau politique. Avec pour leitmotiv : un Cameroun qui protège et libère les énergies. Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya (UDC, 56 ans) : Elle est maire de la commune de Foumban (une ville du Cameroun, dans la région de l’ouest, connue comme la « Cité des Arts » et le cœur culturel du peuple Bamoun). L’ancienne députée et présidente de l’Union démocratique du Cameroun, héritière de la tradition de contestation républicaine de son père, madame Ndam Njoya est une femme de caractère. Celle qui mobilise pour voir éclore un candidat de consensus au sein de l’opposition promeut la participation citoyenne, l’alternance pacifique et la réconciliation nationale. Jacques Bouhga Hagbe (MCNC, 50 ans) : Ancien économiste au Fonds monétaire international (FMI) pendant près de vingt-deux ans, il a acquis une vaste expérience sur les questions économiques en Afrique et dans les Amériques. Le candidat du Mouvement citoyen national camerounais (MCNC) entend mettre l’accent sur des réformes économiques destinées à réduire la dépendance aux matières premières, moderniser les institutions et promouvoir une croissance inclusive. Hiram Samuel Iyodi (FDC, 37 ans) : Ingénieur, chef d’entreprise et homme politique camerounais, Hiram Samuel Iyodi est le candidat du Front des démocrates camerounais. Formé au Canada, celui qui était membre de l’équipe de campagne du candidat Akere Muna en 2018 défend la réforme de l’éducation et la modernisation des services de santé pour un développement social inclusif. Parmi ses priorités : la résolution de la crise anglophone. Pierre Kwemo (UMS, 69 ans) : Homme d’affaires, député et dirigeant de l’Union du mouvement socialiste, l’élu de l’ouest du Cameroun est un homme de terrain. Élu au soir du 12 octobre, Pierre Kwemo promet justice sociale, « démocratie réelle », souveraineté économique et solidarité nationale. Le but étant de « renforcer des politiques visant à promouvoir l’unité nationale et la paix sociale ». Serge Espoir Matomba (PURS, 46 ans) : Candidat à la présidentielle de 2018, l’homme d’affaires est un militant panafricaniste. En 2010, il fonde le parti politique Peuple uni pour la rénovation sociale et en devient le Premier secrétaire. Il défend la redistribution équitable des richesses, la justice sociale et la réforme des institutions pour un État plus inclusif. Le candidat Serge Espoir Matomba milite pour la sortie du Cameroun de la zone FCFA. Les jeunes, entre espoir et scepticisme Selon les chiffres d’ELECAM, sur les 8,1 millions de personnes inscrites sur les listes électorales, plus de 2,7 millions ont entre 20 et 35 ans, soit près de 34 % de l’électorat. Leur mobilisation est importante pour les candidats, car leur vote reflète à la fois des aspirations fortes et un scepticisme palpable vis-à-vis des institutions. Dans la région de l’est du Cameroun, Samuel Monthe, responsable d’une association de jeunes, affirme : « Nous choisissons Paul Biya, parce que nous voulons la stabilité et la poursuite des réalisations dans nos localités. » Dans certaines zones de l’ouest du pays, le collectif JAPABI (Jeunes patriotes avec Paul Biya) illustre l’engagement proactif : ses membres ont contribué financièrement à la caution électorale du président sortant et participent activement aux campagnes de sensibilisation. « C’est notre manière de montrer que la jeunesse croit encore au président », confie un membre du collectif. Le 14 juillet dernier, un collectif de jeunes a remis 40 millions au secrétaire général de la présidence pour soutenir la candidature de Paul Biya. Cependant, cette fidélité n’est pas unanime.  Dans la région sud dont Paul Biya est originaire, de jeunes diplômés dénoncent le chômage endémique, le manque d’infrastructures et de certains services de base. « Nous voulons que les promesses deviennent des actes concrets, pas seulement des slogans de campagne. Il faut des routes praticables, du travail, de l’électricité et de l’eau potable », se plaint Emmanuel Bissogo, étudiant à l’université d’Ebolowa. À Douala, l’étudiante Clémentine Makongo témoigne : « Nous voulons que notre vote compte réellement. Trop souvent, on a le sentiment que tout est joué d’avance. Cette fois, nous voulons de la transparence et un processus électoral crédible. » Dans ce contexte, chaque initiative pour impliquer réellement les jeunes dans le processus électoral peut peser lourd dans les résultats et dans la perception de la légitimité du scrutin. La carte de la crédibilité L’élection du 12 octobre se joue donc sur plusieurs fronts. Sur le plan institutionnel, la crédibilité d’ELECAM et du Conseil constitutionnel sera scrutée. Sur le plan politique, la capacité des opposants à s’unir ou à peser face à l’appareil du RDPC reste incertaine. Plusieurs démarches sont en cours autour des candidats comme Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maigari. Recalé, Maurice Kamto a ouvert des consultations à domicile. Si rien ne filtre de ces entrevues, l’opinion espère qu’elles accoucheront d’un candidat consensuel, à une semaine de la date officielle de début de la campagne et à trois semaines de la date du scrutin. Enfin, sur le plan social, la réponse aux aspirations de la jeunesse et aux crises dans les régions anglophones sera déterminante. En tout cas, la communauté internationale observe avec prudence ce qui se dessine au Cameroun depuis l’annonce de la candidature de Paul Biya à un huitième mandat consécutif. L’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) appellent à un scrutin apaisé. Des missions d’observation électorale sont attendues. Dewa Aboubakar, correspondant au Cameroun..

⏱ Temps de lecture estimé : 10 minutes

​​Au Cameroun, c’est la dernière ligne droite de la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Le président sortant, Paul Biya, âgé de 92 ans dont 43 au pouvoir, brigue un huitième mandat de sept ans. Face à lui, 11 autres candidats, dont deux ont apporté leur soutien à l’ancien ministre Bello Bouba Maïgari. Un scrutin « inédit » et une jeunesse en quête de réponses à ces difficultés quotidiennes : la présidentielle camerounaise cristallise tous les regards. L’analyse de Dewa Aboubakar, correspondant de Vent d ‘Afrique au Cameroun.

Le 12 octobre prochain, les Camerounais sont conviés aux urnes pour élire leur président de la République. Pour de nombreux observateurs, hormis 1992, le scrutin s’annonce ouvert, du moins en apparence, avec douze candidats retenus par le Conseil constitutionnel. Derrière la pluralité des candidatures se cache un enjeu central : la pérennité du régime de Paul Biya, 92 ans – dont 43 années au pouvoir ! – avec la capacité des candidats de l’opposition à incarner une alternative crédible.

Élections Cameroon (ELECAM), l’organe chargé de l’organisation des élections, assure que le processus électoral se déroulera dans la transparence. « Toutes les garanties sont prises pour un scrutin apaisé et inclusif », a déclaré le président du Conseil électoral, Enow Abrams Egbe, lors de la publication des listes électorales, le 26 août dernier. Pourtant, dans l’opinion, des doutes persistent. La crise qui secoue depuis 2016 dans les régions anglophones du pays (nord-ouest et sud-ouest) et la faible confiance des Camerounais dans les institutions alimentent un scepticisme.

Le Conseil constitutionnel a, de son côté, tranché les recours et validé la liste définitive. À trois semaines du scrutin, chaque camp tente de mobiliser un électorat profondément marqué par le chômage, l’inflation et une demande d’alternance.

Douze candidats, douze trajectoires

Le 5 août 2025, la liste des candidatures validées par le Conseil constitutionnel est tombée comme un couperet. Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018, ne sera pas candidat cette année. Son recours a été rejeté par une décision des juges constitutionnels conduits par son président Clément Atangana. 12 candidats sur les 13 préalablement retenus par ELECAM vont donc se partager les voix de quelque 8 millions d’électeurs inscrits. La liste définitive reflète la diversité du champ politique camerounais, mêlant figures expérimentées et candidats émergents. Revue des profils.

Paul Biya (RDPC, 92 ans) : Président de la République depuis 1982, ancien Premier ministre (1975-1982), c’est le doyen d’âge de la douzaine des candidats retenus. Dans le message d’annonce de sa candidature, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) explique avoir consolidé l’unité nationale, modernisé des infrastructures et joué un rôle actif dans la diplomatie régionale. Son programme phare met l’accent sur la stabilité nationale, la consolidation des grands chantiers et la sécurité.

Akere Muna (Univers, 73 ans) : Avocat de renommée internationale, ancien président de Transparency International Cameroun (2000-2006), candidat à l’élection présidentielle camerounaise de 2018 pour l’Alliance des forces patriotiques (AFP), il avait décidé de retirer sa candidature au profit de Maurice Kamto. Dans son projet politique, « Monsieur Propre » comme on l’appelle, vise la lutte contre la corruption et la réforme institutionnelle, avec un accent sur l’indépendance judiciaire. Il a annoncé son retrait de la course à la présidence du Cameroun au profit de Bello Bouba Maigari.

Bello Bouba Maigari (UNDP, 78 ans) : Ancien Premier ministre de Paul Biya (1982–1983), ancien ministre (1997-2025), député, le président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) et figure historique de l’opposition modérée, est arrivé troisième à la présidentielle de 1992. Son projet politique est calqué sur la justice et l’équité, le compromis politique, tout en favorisant le dialogue national pour la paix.

Joshua Osih (SDF, 56 ans) : Député et président du Social Democratic Front, ancien vice-président du SDF et candidat à la présidentielle de 2018, il défend la décentralisation accrue, la modernisation des services publics et l’intégration active des jeunes dans la gouvernance. Dans ses prises de parole, Joshua Osih promet de mettre un terme à la crise anglophone en 100 jours.

Seta Caxton Ateki (PAL, 39 ans) : Il est le plus jeune de tous les candidats en lice. Membre de la société civile et cadre politique, il a occupé divers postes de responsabilité au sein du Parti de l’Alliance libérale. Né dans la région en crise du nord-ouest, le candidat du PAL se définit comme un leader visionnaire engagé pour la démocratie, le développement et l’autonomisation des jeunes. Son projet phare vise la moralisation de la vie publique, le renforcement des institutions et la création d’emplois pour la jeunesse. Comme Akere Muna, Seta Caxton Ateki a décidé de se rallier à la candidature de Bello Bouba Maigari.

Issa Tchiroma Bakary (FSNC, 76 ans) : Ancien ministre de la Communication, des Transports et de l’Emploi et ancien porte-parole du gouvernement, le président et candidat du Front pour le salut national du Cameroun en a surpris plus d’un en démissionnant du gouvernement le 24 juin dernier. 24 heures plus tard, il officialise sa candidature à la présidentielle de 2025.  Il met l’accent sur la sécurité nationale, la stabilité institutionnelle et la réforme administrative.

Cabral Libii (PCRN, 45 ans) : Juriste et journaliste, candidat arrivé troisième lors de la présidentielle de 2018, le député et président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale est confiant : « Je vais gagner cette élection », argue-t-il. Son projet phare repose sur le libéralisme communautaire, l’innovation économique et sociale, la création d’emplois et le renouveau politique. Avec pour leitmotiv : un Cameroun qui protège et libère les énergies.

Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya (UDC, 56 ans) : Elle est maire de la commune de Foumban (une ville du Cameroun, dans la région de l’ouest, connue comme la « Cité des Arts » et le cœur culturel du peuple Bamoun). L’ancienne députée et présidente de l’Union démocratique du Cameroun, héritière de la tradition de contestation républicaine de son père, madame Ndam Njoya est une femme de caractère. Celle qui mobilise pour voir éclore un candidat de consensus au sein de l’opposition promeut la participation citoyenne, l’alternance pacifique et la réconciliation nationale.

Jacques Bouhga Hagbe (MCNC, 50 ans) : Ancien économiste au Fonds monétaire international (FMI) pendant près de vingt-deux ans, il a acquis une vaste expérience sur les questions économiques en Afrique et dans les Amériques. Le candidat du Mouvement citoyen national camerounais (MCNC) entend mettre l’accent sur des réformes économiques destinées à réduire la dépendance aux matières premières, moderniser les institutions et promouvoir une croissance inclusive.

Hiram Samuel Iyodi (FDC, 37 ans) : Ingénieur, chef d’entreprise et homme politique camerounais, Hiram Samuel Iyodi est le candidat du Front des démocrates camerounais. Formé au Canada, celui qui était membre de l’équipe de campagne du candidat Akere Muna en 2018 défend la réforme de l’éducation et la modernisation des services de santé pour un développement social inclusif. Parmi ses priorités : la résolution de la crise anglophone.

Pierre Kwemo (UMS, 69 ans) : Homme d’affaires, député et dirigeant de l’Union du mouvement socialiste, l’élu de l’ouest du Cameroun est un homme de terrain. Élu au soir du 12 octobre, Pierre Kwemo promet justice sociale, « démocratie réelle », souveraineté économique et solidarité nationale. Le but étant de « renforcer des politiques visant à promouvoir l’unité nationale et la paix sociale ».

Serge Espoir Matomba (PURS, 46 ans) : Candidat à la présidentielle de 2018, l’homme d’affaires est un militant panafricaniste. En 2010, il fonde le parti politique Peuple uni pour la rénovation sociale et en devient le Premier secrétaire. Il défend la redistribution équitable des richesses, la justice sociale et la réforme des institutions pour un État plus inclusif. Le candidat Serge Espoir Matomba milite pour la sortie du Cameroun de la zone FCFA.

Les jeunes, entre espoir et scepticisme

Selon les chiffres d’ELECAM, sur les 8,1 millions de personnes inscrites sur les listes électorales, plus de 2,7 millions ont entre 20 et 35 ans, soit près de 34 % de l’électorat. Leur mobilisation est importante pour les candidats, car leur vote reflète à la fois des aspirations fortes et un scepticisme palpable vis-à-vis des institutions.

Dans la région de l’est du Cameroun, Samuel Monthe, responsable d’une association de jeunes, affirme : « Nous choisissons Paul Biya, parce que nous voulons la stabilité et la poursuite des réalisations dans nos localités. » Dans certaines zones de l’ouest du pays, le collectif JAPABI (Jeunes patriotes avec Paul Biya) illustre l’engagement proactif : ses membres ont contribué financièrement à la caution électorale du président sortant et participent activement aux campagnes de sensibilisation. « C’est notre manière de montrer que la jeunesse croit encore au président », confie un membre du collectif. Le 14 juillet dernier, un collectif de jeunes a remis 40 millions au secrétaire général de la présidence pour soutenir la candidature de Paul Biya.

Cependant, cette fidélité n’est pas unanime.  Dans la région sud dont Paul Biya est originaire, de jeunes diplômés dénoncent le chômage endémique, le manque d’infrastructures et de certains services de base. « Nous voulons que les promesses deviennent des actes concrets, pas seulement des slogans de campagne. Il faut des routes praticables, du travail, de l’électricité et de l’eau potable », se plaint Emmanuel Bissogo, étudiant à l’université d’Ebolowa. À Douala, l’étudiante Clémentine Makongo témoigne : « Nous voulons que notre vote compte réellement. Trop souvent, on a le sentiment que tout est joué d’avance. Cette fois, nous voulons de la transparence et un processus électoral crédible. »

Dans ce contexte, chaque initiative pour impliquer réellement les jeunes dans le processus électoral peut peser lourd dans les résultats et dans la perception de la légitimité du scrutin.

La carte de la crédibilité

L’élection du 12 octobre se joue donc sur plusieurs fronts. Sur le plan institutionnel, la crédibilité d’ELECAM et du Conseil constitutionnel sera scrutée. Sur le plan politique, la capacité des opposants à s’unir ou à peser face à l’appareil du RDPC reste incertaine. Plusieurs démarches sont en cours autour des candidats comme Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maigari. Recalé, Maurice Kamto a ouvert des consultations à domicile. Si rien ne filtre de ces entrevues, l’opinion espère qu’elles accoucheront d’un candidat consensuel, à une semaine de la date officielle de début de la campagne et à trois semaines de la date du scrutin. Enfin, sur le plan social, la réponse aux aspirations de la jeunesse et aux crises dans les régions anglophones sera déterminante.

En tout cas, la communauté internationale observe avec prudence ce qui se dessine au Cameroun depuis l’annonce de la candidature de Paul Biya à un huitième mandat consécutif. L’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) appellent à un scrutin apaisé. Des missions d’observation électorale sont attendues.

Dewa Aboubakar, correspondant au Cameroun.

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