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Dans cette tribune, la journaliste Karine Oriot revient sur le parcours et les atouts de Firmin Edouard Matoko, candidat au poste de Directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).. « Je ne viens pas prolonger une trajectoire. Je viens pour ouvrir un cycle. Serviteur fidèle de cette maison depuis des années, je pense modestement la connaître dans ses moindres recoins ». C’est en ces termes que Firmin Edouard Matoko a résumé sa candidature, lors de la séance d’audition des candidats aux fonctions de directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Sera-t-il le deuxième Africain à diriger l’organisation, 38 ans après le Sénégalais Amadou Mahtar Mbow (décédé le 24 septembre 2024, à l’âge de 103 ans) ? La question est posée au Conseil exécutif de l’UNESCO qui se prononcera le 6 octobre 2025 et à la Conférence générale qui procédera à l’officialisation de la désignation du nouveau directeur général le 13 novembre 2025. D’ordinaire, lorsqu’un Africain est désigné à des fonctions prestigieuses dans une institution multilatérale de premier plan, notamment dans le système des Nations unies, certains médias y voient un acte de bienveillance à l’endroit d’une Afrique longtemps marginalisée, voire une sorte de gratification diplomatique, et non la reconnaissance du talent propre et des compétences avérées du candidat. Il faut d’emblée s’appesantir sur le rôle de l’UNESCO pour apprécier la pertinence et l’excellence de la candidature de Firmin Edouard Matoko. Le contexte qui préside à la création de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture est celui d’un monde dévasté par deux guerres mondiales en moins d’un demi-siècle. Si ces conflits ont pour épicentre et lieu d’impulsion l’Europe, les maux qui les engendrent sont pour la plupart produits par une source commune : l’exacerbation des nationalismes, le repli identitaire, le rejet de l’altérité et une volonté pathologique d’hégémonie. Promouvoir des valeurs universelles Dans ce cadre géopolitique global de batailles féroces entre nationalismes, empires, grandes puissances et leurs nombreux satellites depuis le xixe siècle, il n’existe, à l’échelle internationale et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, aucun cadre de concertation multilatéral au sein duquel les peuples, au lieu de se voir mis en concurrence, découvrent et partagent plutôt les valeurs et les trésors de l’humanité en vue de leur édification mutuelle. C’est pour pallier cette absence de vision que l’UNESCO, dès sa création, le 16 novembre 1945, place son action sous cette boussole philosophique : « C’est dans l’esprit des hommes que naissent les guerres et c’est dans l’esprit des hommes que se bâtit la paix. » Certes, avec la fin de la guerre idéologique entre les deux grands blocs, le bloc de l’Ouest mené par les États-Unis (capitaliste) et le bloc de l’Est mené par l’Union soviétique (communiste) qui ont maintenu, durant trois décennies après la Seconde Guerre mondiale, le monde divisé par un « rideau de fer », les esprits les plus optimistes se sont pris à espérer que nous rentrerions enfin dans une ère de « paix perpétuelle », au sens où l’entend la philosophie utopiste d’Emmanuel Kant. Signaux alarmants Or, voici qu’en Ukraine, aux portes de l’Europe, en Afrique, notamment dans la région des Grands Lacs et au Sahel, en Asie entre la Chine Continentale et Taiwan, les signaux virent au rouge et rien de rassurant ne se profile dans un avenir proche. Aujourd’hui, c’est dans un contexte planétaire où s’accumulent des nuages de plus en plus sombres que l’UNESCO désignera son prochain directeur général. La candidature de Firmin Edouard Matoko est en parfaite adéquation avec l’état du monde et la mission de l’UNESCO pour au moins deux raisons. Un profil convaincant et des défis immenses Firmin Edouard Matoko est diplomate de formation et diplômé de sciences politiques. Il a fait ses classes au Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS) de Paris et à l’université Cesare Alfieri de Florence, en Italie. Il a une fine connaissance des affaires du monde et du fonctionnement du pouvoir d’État. Dès sa prise de fonction, le nouveau directeur général devra maintenir dans ses missions une organisation multilatérale qui fait face à une crise du multilatéralisme inédite au xxie siècle, d’une part, et, d’autre part, qui doit gérer la décision de l’Amérique de Donald Trump, l’un de ses plus grands contributeurs financiers, de s’en retirer. Le nouveau directeur général devra faire preuve d’imagination, de trésors de diplomatie pour susciter de nouvelles passerelles de concertation entre les peuples, compenser le vide créé par le retrait des USA et, pourquoi pas, les ramener dans la maison, tout au moins mobiliser des moyens de fonctionnement alternatifs. C’est le quotidien et la mission du diplomate qu’est Firmin Edouard Matoko. Diplomate, Firmin Edouard Matoko est aussi un citoyen du monde Polyglotte, il parle français, anglais, italien, portugais, espagnol, lingala, swahili ; outils de communication, voire de persuasion, décisifs s’il en est pour établir des ponts, susciter des partenariats et des dynamiques collectives. Enfin, le candidat Matoko peut se prévaloir d’un atout considérable et non des moindres. Il ne découvrira pas l’immeuble de la place Fontenoy dans le 7e arrondissement de Paris. Il a quasiment effectué toute sa carrière au sein de l’UNESCO et aux fonctions les plus diverses et les plus prestigieuses qui l’ont porté à travers tous les continents. Il en connaît les rouages, les arcanes, les ressorts les plus intimes. Un atout que résume parfaitement le Premier ministre du Congo, Anatole Collinet Makosso, sur les antennes de Radio France Internationale (le 12 août 2025) : « Pour avoir préservé le patrimoine culturel partout dans le monde, y compris en Égypte, et au regard de tout son parcours, au moment où l’UNESCO traverse une période de turbulences avec le désengagement de certains États – et pas des moindres -, nous pensons qu’il faut que ce soit, en toute légitimité, quelqu’un de la maison qui puisse conduire ces réformes en douceur et en profondeur. » Karine Oriot, journaliste..⏱ Temps de lecture estimé : 6 minutes
« Je ne viens pas prolonger une trajectoire. Je viens pour ouvrir un cycle. Serviteur fidèle de cette maison depuis des années, je pense modestement la connaître dans ses moindres recoins ». C’est en ces termes que Firmin Edouard Matoko a résumé sa candidature, lors de la séance d’audition des candidats aux fonctions de directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Sera-t-il le deuxième Africain à diriger l’organisation, 38 ans après le Sénégalais Amadou Mahtar Mbow (décédé le 24 septembre 2024, à l’âge de 103 ans) ? La question est posée au Conseil exécutif de l’UNESCO qui se prononcera le 6 octobre 2025 et à la Conférence générale qui procédera à l’officialisation de la désignation du nouveau directeur général le 13 novembre 2025.
D’ordinaire, lorsqu’un Africain est désigné à des fonctions prestigieuses dans une institution multilatérale de premier plan, notamment dans le système des Nations unies, certains médias y voient un acte de bienveillance à l’endroit d’une Afrique longtemps marginalisée, voire une sorte de gratification diplomatique, et non la reconnaissance du talent propre et des compétences avérées du candidat.
Il faut d’emblée s’appesantir sur le rôle de l’UNESCO pour apprécier la pertinence et l’excellence de la candidature de Firmin Edouard Matoko.
Le contexte qui préside à la création de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture est celui d’un monde dévasté par deux guerres mondiales en moins d’un demi-siècle. Si ces conflits ont pour épicentre et lieu d’impulsion l’Europe, les maux qui les engendrent sont pour la plupart produits par une source commune : l’exacerbation des nationalismes, le repli identitaire, le rejet de l’altérité et une volonté pathologique d’hégémonie.
Dans ce cadre géopolitique global de batailles féroces entre nationalismes, empires, grandes puissances et leurs nombreux satellites depuis le xixe siècle, il n’existe, à l’échelle internationale et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, aucun cadre de concertation multilatéral au sein duquel les peuples, au lieu de se voir mis en concurrence, découvrent et partagent plutôt les valeurs et les trésors de l’humanité en vue de leur édification mutuelle.
C’est pour pallier cette absence de vision que l’UNESCO, dès sa création, le 16 novembre 1945, place son action sous cette boussole philosophique : « C’est dans l’esprit des hommes que naissent les guerres et c’est dans l’esprit des hommes que se bâtit la paix. »
Certes, avec la fin de la guerre idéologique entre les deux grands blocs, le bloc de l’Ouest mené par les États-Unis (capitaliste) et le bloc de l’Est mené par l’Union soviétique (communiste) qui ont maintenu, durant trois décennies après la Seconde Guerre mondiale, le monde divisé par un « rideau de fer », les esprits les plus optimistes se sont pris à espérer que nous rentrerions enfin dans une ère de « paix perpétuelle », au sens où l’entend la philosophie utopiste d’Emmanuel Kant.
Or, voici qu’en Ukraine, aux portes de l’Europe, en Afrique, notamment dans la région des Grands Lacs et au Sahel, en Asie entre la Chine Continentale et Taiwan, les signaux virent au rouge et rien de rassurant ne se profile dans un avenir proche.
Aujourd’hui, c’est dans un contexte planétaire où s’accumulent des nuages de plus en plus sombres que l’UNESCO désignera son prochain directeur général. La candidature de Firmin Edouard Matoko est en parfaite adéquation avec l’état du monde et la mission de l’UNESCO pour au moins deux raisons.
Firmin Edouard Matoko est diplomate de formation et diplômé de sciences politiques. Il a fait ses classes au Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS) de Paris et à l’université Cesare Alfieri de Florence, en Italie. Il a une fine connaissance des affaires du monde et du fonctionnement du pouvoir d’État.
Dès sa prise de fonction, le nouveau directeur général devra maintenir dans ses missions une organisation multilatérale qui fait face à une crise du multilatéralisme inédite au xxie siècle, d’une part, et, d’autre part, qui doit gérer la décision de l’Amérique de Donald Trump, l’un de ses plus grands contributeurs financiers, de s’en retirer.
Le nouveau directeur général devra faire preuve d’imagination, de trésors de diplomatie pour susciter de nouvelles passerelles de concertation entre les peuples, compenser le vide créé par le retrait des USA et, pourquoi pas, les ramener dans la maison, tout au moins mobiliser des moyens de fonctionnement alternatifs. C’est le quotidien et la mission du diplomate qu’est Firmin Edouard Matoko.
Polyglotte, il parle français, anglais, italien, portugais, espagnol, lingala, swahili ; outils de communication, voire de persuasion, décisifs s’il en est pour établir des ponts, susciter des partenariats et des dynamiques collectives.
Enfin, le candidat Matoko peut se prévaloir d’un atout considérable et non des moindres. Il ne découvrira pas l’immeuble de la place Fontenoy dans le 7e arrondissement de Paris. Il a quasiment effectué toute sa carrière au sein de l’UNESCO et aux fonctions les plus diverses et les plus prestigieuses qui l’ont porté à travers tous les continents. Il en connaît les rouages, les arcanes, les ressorts les plus intimes. Un atout que résume parfaitement le Premier ministre du Congo, Anatole Collinet Makosso, sur les antennes de Radio France Internationale (le 12 août 2025) : « Pour avoir préservé le patrimoine culturel partout dans le monde, y compris en Égypte, et au regard de tout son parcours, au moment où l’UNESCO traverse une période de turbulences avec le désengagement de certains États – et pas des moindres -, nous pensons qu’il faut que ce soit, en toute légitimité, quelqu’un de la maison qui puisse conduire ces réformes en douceur et en profondeur. »
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