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Au commencement était la prise de conscience par les Noirs de tous les continents de la nécessité de rétablir leur dignité et leur humanité niées par des siècles d’esclavage et la colonisation. Nous sommes alors dans la première moitié du XXe siècle. . À l’instar de la formule de ralliement de Karl Marx : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », des Noirs d’Amérique, d’Europe et bien évidemment d’Afrique créent des passerelles pour combattre, éradiquer les préjugés de couleur contre ce segment de l’humanité. Cette révolte légitime et ce droit à la différence s’expriment alors dans les arts, dans la littérature, en politique et dans bien d’autres champs de l’activité humaine. C’est dans le droit fil de cette dynamique que sera organisé le premier Congrès international des écrivains et artistes noirs, du 19 au 22 septembre 1956, à l’amphithéâtre Descartes de l’université de la Sorbonne, à Paris. Nous sommes quatre années seulement avant la grande vague des indépendances sur le continent africain. Loin de s’estomper à la faveur de ces accessions massives des États africains à la souveraineté internationale, ce combat humaniste prendra plutôt une forme nouvelle sur le continent africain où le panafricanisme sera porté sur ses fonts baptismaux. Le premier mérite de ce panafricanisme originel, c’est la grande rigueur intellectuelle de ses pairs fondateurs, même si on peut reconnaître ici ou là quelques exemples où l’idéologie a pris le pas sur la rigueur intellectuelle. Au premier rang des figures emblématiques de ce panafricanisme fondamental trônent, en Afrique francophone, Cheikh Anta Diop et ses ouvrages cultes : Nations nègres et culture : De l’antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique noire d’aujourd’hui (publiée en 1954 par les éditions Présence africaine), Civilisation ou barbarie : Anthropologie sans complaisance (publié une première fois en 1981 par les éditions Présence africaine à Paris, puis d’autres éditions, notamment celle du 11 juillet 2000, sont également disponibles). Mais aussi et surtout Les Fondements culturels, techniques et industriels d’un futur État fédéral d’Afrique noire (publié une première fois en 1960 aux éditions Présence africaine, puis réédité sous un autre titre en 1974). Dans la région anglophone d’Afrique, nous avons Kwame Nkrumah, le premier président ghanéen qui a lutté pour l’indépendance de son pays et pour l’unité africaine. Il a dirigé son pays de juillet 1960 à sa chute par un coup d’État militaire en février 1966. Il est devenu Premier ministre en 1957 après l’indépendance du pays, puis premier président en 1960. Il est considéré à juste titre comme le grand théoricien du panafricanisme, notamment avec son ouvrage L’Afrique doit s’unir (le livre a été distribué lors de la conférence d’Addis-Abeba en Éthiopie en mai 1963). Que reste-t-il aujourd’hui de cet âge d’or de la pensée panafricaniste ? C’est non sans désolation qu’il faut répondre à juste titre qu’on n’en rencontre plus que des avatars, voire des caricatures. En effet, face au vide idéologique que traverse l’Afrique depuis la disparition des grands récits de la période de la Guerre froide (du 12 mars 1947 au 26 décembre 1991), l’Afrique, notamment sa jeunesse, exprime le besoin de récits nouveaux pour se projeter dans un monde quasiment sans boussole. C’est face à ce désert qu’un certain panafricanisme, qui n’est plus qu’un slogan vague et confus, gagne du terrain dans les esprits. Tout aussi préoccupant, cet avatar idéologique s’accompagne d’un discours de haine, de rejet de l’autre, parfois suprématiste, sans perspective d’édification de l’Afrique ou de réponse à ses défis majeurs. Cette dérive est d’autant plus inquiétante pour l’avenir que nombre de ses chantres sont notoirement connus pour être à la solde de certaines puissances étrangères, la Russie en l’occurrence. Ces puissances n’ont pour seul objectif ultime que d’établir sur l’Afrique une domination nouvelle. Hélas ! en lieu et place de celle que ces néo-panafricanistes prétendent combattre : la domination des Occidentaux, de la France ou plutôt des « impérialistes ». Une antienne, une rengaine qui fait florès, au grand dam des panafricanistes originels. Éric Topona, directeur de la publication de ventdafrique.com..⏱ Temps de lecture estimé : 4 minutes
À l’instar de la formule de ralliement de Karl Marx : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », des Noirs d’Amérique, d’Europe et bien évidemment d’Afrique créent des passerelles pour combattre, éradiquer les préjugés de couleur contre ce segment de l’humanité. Cette révolte légitime et ce droit à la différence s’expriment alors dans les arts, dans la littérature, en politique et dans bien d’autres champs de l’activité humaine.
C’est dans le droit fil de cette dynamique que sera organisé le premier Congrès international des écrivains et artistes noirs, du 19 au 22 septembre 1956, à l’amphithéâtre Descartes de l’université de la Sorbonne, à Paris. Nous sommes quatre années seulement avant la grande vague des indépendances sur le continent africain. Loin de s’estomper à la faveur de ces accessions massives des États africains à la souveraineté internationale, ce combat humaniste prendra plutôt une forme nouvelle sur le continent africain où le panafricanisme sera porté sur ses fonts baptismaux.
Le premier mérite de ce panafricanisme originel, c’est la grande rigueur intellectuelle de ses pairs fondateurs, même si on peut reconnaître ici ou là quelques exemples où l’idéologie a pris le pas sur la rigueur intellectuelle. Au premier rang des figures emblématiques de ce panafricanisme fondamental trônent, en Afrique francophone, Cheikh Anta Diop et ses ouvrages cultes : Nations nègres et culture : De l’antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique noire d’aujourd’hui (publiée en 1954 par les éditions Présence africaine), Civilisation ou barbarie : Anthropologie sans complaisance (publié une première fois en 1981 par les éditions Présence africaine à Paris, puis d’autres éditions, notamment celle du 11 juillet 2000, sont également disponibles). Mais aussi et surtout Les Fondements culturels, techniques et industriels d’un futur État fédéral d’Afrique noire (publié une première fois en 1960 aux éditions Présence africaine, puis réédité sous un autre titre en 1974).
Dans la région anglophone d’Afrique, nous avons Kwame Nkrumah, le premier président ghanéen qui a lutté pour l’indépendance de son pays et pour l’unité africaine. Il a dirigé son pays de juillet 1960 à sa chute par un coup d’État militaire en février 1966. Il est devenu Premier ministre en 1957 après l’indépendance du pays, puis premier président en 1960. Il est considéré à juste titre comme le grand théoricien du panafricanisme, notamment avec son ouvrage L’Afrique doit s’unir (le livre a été distribué lors de la conférence d’Addis-Abeba en Éthiopie en mai 1963).
Que reste-t-il aujourd’hui de cet âge d’or de la pensée panafricaniste ? C’est non sans désolation qu’il faut répondre à juste titre qu’on n’en rencontre plus que des avatars, voire des caricatures.
En effet, face au vide idéologique que traverse l’Afrique depuis la disparition des grands récits de la période de la Guerre froide (du 12 mars 1947 au 26 décembre 1991), l’Afrique, notamment sa jeunesse, exprime le besoin de récits nouveaux pour se projeter dans un monde quasiment sans boussole.
C’est face à ce désert qu’un certain panafricanisme, qui n’est plus qu’un slogan vague et confus, gagne du terrain dans les esprits.
Tout aussi préoccupant, cet avatar idéologique s’accompagne d’un discours de haine, de rejet de l’autre, parfois suprématiste, sans perspective d’édification de l’Afrique ou de réponse à ses défis majeurs.
Cette dérive est d’autant plus inquiétante pour l’avenir que nombre de ses chantres sont notoirement connus pour être à la solde de certaines puissances étrangères, la Russie en l’occurrence. Ces puissances n’ont pour seul objectif ultime que d’établir sur l’Afrique une domination nouvelle.
Hélas ! en lieu et place de celle que ces néo-panafricanistes prétendent combattre : la domination des Occidentaux, de la France ou plutôt des « impérialistes ». Une antienne, une rengaine qui fait florès, au grand dam des panafricanistes originels.
Éric Topona, directeur de la publication de ventdafrique.com.
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