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​​​Contrat PSG-Rwanda : un partenariat qui ne passe pas !

​​​Contrat PSG-Rwanda : un partenariat qui ne passe pas !. Article écrit par Éric Topona. Publié le 2 septembre 2025à 06h00

⏱ Temps de lecture estimé : 7 minutes

Le renouvellement du contrat "Visit Rwanda" qui lie le PSG et le Rwanda a eu lieu alors que le Rwanda est accusé de soutenir militairement et financièrement les rebelles de l'AFC/M23 dans l'est de la RDC.. Détenu par le Qatar, le Paris Saint-Germain (PSG) a renouvelé, mi-avril 2025, son partenariat avec le Rwanda jusqu’en 2028. Le renouvellement de ce contrat s’est fait en dépit des critiques formulées contre les autorités rwandaises. L’essentiel n’est plus seulement de participer ; ainsi pourrait-on paraphraser le ​baron Pierre de Coubertin​ (pédagogue et historien français, surtout connu pour être le père des Jeux olympiques modernes​) en référence à sa célèbre formule au sujet de l’événement planétaire que sont devenus aujourd’hui les Jeux olympiques. S’il s’est agi longtemps d’un événement sportif seulement digne d’intérêt pour les sportifs de différentes disciplines et leurs admirateurs, les Jeux olympiques, comme la Coupe du monde de football et de manière générale les grands événements sportifs, sont devenus des épreuves qui charrient de très grands enjeux. Tribune pour visibilité Pour le meilleur comme pour le pire, les événements sportifs d’envergure planétaire sont devenus des tribunes sur lesquelles il est redoutablement efficace, productif, de faire passer un message politique, de donner de la visibilité à une grande cause. Il faut se souvenir des Jeux olympiques de Munich, en 1936, lorsque, devant le Führer, dans une Allemagne au sein de laquelle l’idéologie national-socialiste connaissait des progrès tout aussi fulgurants qu’inquiétants pour l’Europe et le reste du monde, l’athlète noir américain ​​​James Cleveland Owens, dit Jesse Owen​ (un athlète américain considéré comme le premier sportif noir de renommée internationale et le meilleur sprinteur de l’entre-deux-guerres), pulvérisa les records en athlétisme, remettant en cause et dans les faits les théories fumeuses et mortifères de Hitler sur la prétendue supériorité de la race aryenne. Humilié et contredit dans les faits, Hitler quitta le lieu des cérémonies avant terme, car il ne voulut pas subir devant un peuple fanatisé et abruti l’humiliation de serrer la main d’un “nègre” vainqueur. Moyens de rapprochement des peuples Le sport est aussi un formidable moyen de rapprochement entre les peuples et d’apaisement, en raison de ses valeurs de saine compétition, d’acceptation de la différence et de pacification des relations entre les individus et les peuples. C’est en cela que, lorsque le Rwanda ​a signé, en 2019, avec le Paris Saint-Germain – le club phare de la capitale française, désormais sur le toit de l’Europe depuis sa victoire en finale de la Ligue des champions,​ le 31 mai face à l’Inter Milan (5-0) –​ un contrat de partenariat pour promouvoir le tourisme au Rwanda, on ne peut que s’en réjouir pour le pays de Paul Kagamé qui a signé des contrats similaires avec le club anglais d’Arsenal et le club allemand du Bayern de Munich. Pour le Rwanda qui est une terre sur laquelle a eu lieu, il y a quelques décennies, l’un des génocides les plus meurtriers depuis l’holocauste du peuple juif, on ne pouvait que s’en féliciter. Et ce, d’autant plus que le Rwanda, il est important de le souligner, a fait montre d’une résilience remarquable pour se reconstruire humainement et matériellement. Sous le leadership éclairé de Paul Kagamé, ce pays de l’Afrique des Grands Lacs s’est longtemps distingué comme le modèle d’une Afrique performante et gagnante, loin des clichés d’une Afrique qui ne serait qu’une terre de malheurs et de drames​ en dépit des critiques en matière de bonne gouvernance et de respect des droits de l’homme et des libertés publiques. Qu’il s’agisse des investissements dans les infrastructures, l’éducation, la santé ou l’hygiène publique, ce pays a accompli en très peu temps et sur une terre autrefois transformée en vallée de larmes et de sang des progrès remarquables. Une guerre d’occupation dans l’est de la RDC… Mais force est de constater que le Rwanda a considérablement entamé l’extraordinaire capital de sympathie qu’il aura constitué au prix d’un dur labeur. Au prétexte de sécuriser ses frontières nationales de possibles menées de déstabilisation depuis l’est de la République démocratique du Congo, le Rwanda est engagé dans une véritable guerre d’occupation aux côtés de rebelles de l’AFC/M23, qu’il appuie militairement, tout en exploitant les richesses de ce pays souverain qu’il exporte à travers le monde. Cette entorse grave au droit international, longtemps dénoncée par la R​é​publique démocratique du Congo, a été documentée et confirmée par les experts des Nations ​unies. … et le respect des valeurs démocratiques en question Lorsque le Paris Saint-Germain et le Rwanda décident de proroger leur contrat de partenariat actuel jusqu’en 2028, la question qui est naturellement posée est celle de savoir si les valeurs qui ont inspiré ce contrat de partenariat sont encore celles que promeut le Rwanda à ses frontières avec la RDC.  Le moins que l’on puisse dire est que le Rwanda, qui est devenu un exportateur de coltan – qu’il ne produit par ailleurs pas et qu’il exploite du sous-sol de la RDC –, s’en est considérablement éloigné, au prix de millions de déplacés et de centaines de milliers de vies humaines perdues.  Politique étrangère prédatrice  Il y a d’autant plus lieu de s’en indigner que cette politique étrangère prédatrice, et les drames qu’elle engendre, viole les règles établies par le ​Processus de Kimberley​ (un régime commercial international multipartite créé en 2003 pour mettre fin au commerce des diamants de conflit, aussi appelés diamants de guerre, qui servent à financer des rébellions et des conflits armés​) et les précédents du genre sur les « diamants de sang ». Pour le Paris Saint-Germain, dont certains sociétaires sont originaires de la RDC, il se pose la question de savoir durant combien de temps le club de la capitale française, qui compte par ailleurs de nombreux fans clubs en Afrique, pourra longtemps s’accommoder de ce partenariat avec un pays dont la diplomatie agressive ensanglante une Afrique déjà si profondément meurtrie. Il faut espérer que les récents accords de paix de Washington, signés entre les gouvernements des deux pays sous l’égide de la diplomatie américaine, permettront de tourner définitivement cette page​ sombre et ténébreuse. Il y a malheureusement lieu d’en do​uter, car les bruits de bottes se font à nouveau entendre à l’est de la République démocratique du Congo, d’autant plus que l’essentiel pour les États-Unis est de sécuriser son approvisionnement en minerais stratégiques et non d’instaurer une paix véritable et durable. En somme, le bout du tunnel n’est pas pour demain. ​Combien de temps encore le Paris Saint-Germain demeurera-t-il partenaire dans ce mariage désormais contre nature ?.

⏱ Temps de lecture estimé : 7 minutes

Le renouvellement du contrat « Visit Rwanda » qui lie le PSG et le Rwanda a eu lieu alors que le Rwanda est accusé de soutenir militairement et financièrement les rebelles de l’AFC/M23 dans l’est de la RDC.

Détenu par le Qatar, le Paris Saint-Germain (PSG) a renouvelé, mi-avril 2025, son partenariat avec le Rwanda jusqu’en 2028. Le renouvellement de ce contrat s’est fait en dépit des critiques formulées contre les autorités rwandaises.

L’essentiel n’est plus seulement de participer ; ainsi pourrait-on paraphraser le ​baron Pierre de Coubertin​ (pédagogue et historien français, surtout connu pour être le père des Jeux olympiques modernes​) en référence à sa célèbre formule au sujet de l’événement planétaire que sont devenus aujourd’hui les Jeux olympiques. S’il s’est agi longtemps d’un événement sportif seulement digne d’intérêt pour les sportifs de différentes disciplines et leurs admirateurs, les Jeux olympiques, comme la Coupe du monde de football et de manière générale les grands événements sportifs, sont devenus des épreuves qui charrient de très grands enjeux.

Tribune pour visibilité

Pour le meilleur comme pour le pire, les événements sportifs d’envergure planétaire sont devenus des tribunes sur lesquelles il est redoutablement efficace, productif, de faire passer un message politique, de donner de la visibilité à une grande cause.

Il faut se souvenir des Jeux olympiques de Munich, en 1936, lorsque, devant le Führer, dans une Allemagne au sein de laquelle l’idéologie national-socialiste connaissait des progrès tout aussi fulgurants qu’inquiétants pour l’Europe et le reste du monde, l’athlète noir américain ​​​James Cleveland Owens, dit Jesse Owen​ (un athlète américain considéré comme le premier sportif noir de renommée internationale et le meilleur sprinteur de l’entre-deux-guerres), pulvérisa les records en athlétisme, remettant en cause et dans les faits les théories fumeuses et mortifères de Hitler sur la prétendue supériorité de la race aryenne. Humilié et contredit dans les faits, Hitler quitta le lieu des cérémonies avant terme, car il ne voulut pas subir devant un peuple fanatisé et abruti l’humiliation de serrer la main d’un “nègre” vainqueur.

Moyens de rapprochement des peuples

Le sport est aussi un formidable moyen de rapprochement entre les peuples et d’apaisement, en raison de ses valeurs de saine compétition, d’acceptation de la différence et de pacification des relations entre les individus et les peuples.

C’est en cela que, lorsque le Rwanda ​a signé, en 2019, avec le Paris Saint-Germain – le club phare de la capitale française, désormais sur le toit de l’Europe depuis sa victoire en finale de la Ligue des champions,​ le 31 mai face à l’Inter Milan (5-0) –​ un contrat de partenariat pour promouvoir le tourisme au Rwanda, on ne peut que s’en réjouir pour le pays de Paul Kagamé qui a signé des contrats similaires avec le club anglais d’Arsenal et le club allemand du Bayern de Munich.

Pour le Rwanda qui est une terre sur laquelle a eu lieu, il y a quelques décennies, l’un des génocides les plus meurtriers depuis l’holocauste du peuple juif, on ne pouvait que s’en féliciter.

Et ce, d’autant plus que le Rwanda, il est important de le souligner, a fait montre d’une résilience remarquable pour se reconstruire humainement et matériellement. Sous le leadership éclairé de Paul Kagamé, ce pays de l’Afrique des Grands Lacs s’est longtemps distingué comme le modèle d’une Afrique performante et gagnante, loin des clichés d’une Afrique qui ne serait qu’une terre de malheurs et de drames​ en dépit des critiques en matière de bonne gouvernance et de respect des droits de l’homme et des libertés publiques.

Qu’il s’agisse des investissements dans les infrastructures, l’éducation, la santé ou l’hygiène publique, ce pays a accompli en très peu temps et sur une terre autrefois transformée en vallée de larmes et de sang des progrès remarquables.

Une guerre d’occupation dans l’est de la RDC…

Mais force est de constater que le Rwanda a considérablement entamé l’extraordinaire capital de sympathie qu’il aura constitué au prix d’un dur labeur. Au prétexte de sécuriser ses frontières nationales de possibles menées de déstabilisation depuis l’est de la République démocratique du Congo, le Rwanda est engagé dans une véritable guerre d’occupation aux côtés de rebelles de l’AFC/M23, qu’il appuie militairement, tout en exploitant les richesses de ce pays souverain qu’il exporte à travers le monde. Cette entorse grave au droit international, longtemps dénoncée par la R​é​publique démocratique du Congo, a été documentée et confirmée par les experts des Nations ​unies.

… et le respect des valeurs démocratiques en question

Lorsque le Paris Saint-Germain et le Rwanda décident de proroger leur contrat de partenariat actuel jusqu’en 2028, la question qui est naturellement posée est celle de savoir si les valeurs qui ont inspiré ce contrat de partenariat sont encore celles que promeut le Rwanda à ses frontières avec la RDC.  Le moins que l’on puisse dire est que le Rwanda, qui est devenu un exportateur de coltan – qu’il ne produit par ailleurs pas et qu’il exploite du sous-sol de la RDC –, s’en est considérablement éloigné, au prix de millions de déplacés et de centaines de milliers de vies humaines perdues.

 Politique étrangère prédatrice

 Il y a d’autant plus lieu de s’en indigner que cette politique étrangère prédatrice, et les drames qu’elle engendre, viole les règles établies par le ​Processus de Kimberley​ (un régime commercial international multipartite créé en 2003 pour mettre fin au commerce des diamants de conflit, aussi appelés diamants de guerre, qui servent à financer des rébellions et des conflits armés​) et les précédents du genre sur les « diamants de sang ».

Pour le Paris Saint-Germain, dont certains sociétaires sont originaires de la RDC, il se pose la question de savoir durant combien de temps le club de la capitale française, qui compte par ailleurs de nombreux fans clubs en Afrique, pourra longtemps s’accommoder de ce partenariat avec un pays dont la diplomatie agressive ensanglante une Afrique déjà si profondément meurtrie.

Il faut espérer que les récents accords de paix de Washington, signés entre les gouvernements des deux pays sous l’égide de la diplomatie américaine, permettront de tourner définitivement cette page​ sombre et ténébreuse.

Il y a malheureusement lieu d’en do​uter, car les bruits de bottes se font à nouveau entendre à l’est de la République démocratique du Congo, d’autant plus que l’essentiel pour les États-Unis est de sécuriser son approvisionnement en minerais stratégiques et non d’instaurer une paix véritable et durable.

En somme, le bout du tunnel n’est pas pour demain.

​Combien de temps encore le Paris Saint-Germain demeurera-t-il partenaire dans ce mariage désormais contre nature ?

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